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vendredi 29 avril 2011

AMOR, NO ESTÁS

Y me quedé mirando los círculos concéntricos
del guijarro arrojado a la laguna
y te busqué en el mismo centro sin hallarte,
ni encontrar los límites donde pudiera profanarte.

La noche se ahuecó para escribirte palabras imposibles,
sin caídas, en el final de este viaje con gusto a despedida.

Cierro los ojos mientras te alucino,
persiguiendo los ruidos de mis pasos donde cruje nuestra historia,
en esas aceras pisoteadas que recuerdan la invulnerabilidad de ciertas almas
frente a temores de vivir, a punto de estallar en una casa abandonada.

Ay… que distancia enorme se interpone
y no escucho mi nombre en tu llamada
y no sé como romper la hoja de papel que sabe a profecías
y a sueños desconocidos donde se rompen todos los perfiles,
y avanzo hacia el vacío blanco donde arde mi amor
y el cuerpo cae como un racimo de uvas en la violencia del verano.

Estaba en mi casa y te esperaba en una línea horizontal que se extendía hasta
las respiraciones de la noche, sólo perfumes y recuerdos.

Una sílaba será la encargada de reorientar al pájaro perdido
en medio de catástrofes y si no encuentro mi espalda en los espejos
será porque le pido el gran estruendo que ejercite el luminoso oficio
de correr todos los riesgos, y ser mi prisionero fugitivo.

Yo también me detuve a un paso tuyo,
mi imagen separada quedó junto a tus ojos,
y giré la cabeza hacia otro lado
para ocultar una inocencia a punto de perderse
dejando al descubierto a una niña desnuda que miraba la vida
desde un curioso espectáculo de lágrimas y silencios.

NORMA MENASSA

dimanche 10 avril 2011

Entre l’émigration et le crime

Les Latino-Américains ne sont pas des criminels nés et ils n’ont pas inventé les drogues.
Les Aztèques, les Mayas et d’autres groupes humains précolombiens du Mexique et d’Amérique centrale étaient d’excellents agriculteurs et ne cultivaient pas la coca.
Les Quechuas et les Aymaras produisaient des aliments nutritifs sur des terrasses parfaitement alignées qui suivaient les courbes de niveau des Andes. Ils cultivaient le quinoa, une céréale riche en protéines, et la pomme de terre sur la puna, parfois à plus de trois ou quatre mille mètres d’altitude.
Ils connaissaient et cultivaient aussi la coca, dont ils mâchaient les feuilles pour alléger les rigueurs de l’altitude. Son usage actuel remonte donc à la nuit des temps, à l’instar de produits cultivés par d’autres peuples comme le café, le tabac ou le vin.
La coca est originaire des versants abruptes des Andes amazoniennes. Les habitants la connaissaient depuis bien avant l’Empire inca dont le territoire, à son apogée, s’étendait du sud de la Colombie au Nord-Ouest de l’Argentine, couvrant l’Équateur, le Pérou, la Bolivie et l’Est du Chili, soit près de deux millions de kilomètres carrés.
Mâcher la feuille de coca devint un privilège des empereurs incas et de la noblesse durant les cérémonies religieuses.
Une fois disparu l’Empire inca à la suite de l’invasion espagnole, les nouveaux maîtres stimulèrent la mastication traditionnelle de la feuille de coca pour que les indigènes puissent travailler plus longtemps dans la journée, et ce droit a perduré jusqu’à ce que la Convention unique sur les stupéfiants adoptée par les Nations Unies en ait interdit l’usage, hormis à des fins médicinales ou scientifiques.
Presque tous les pays la signèrent. C’est à peine si l’on discutait les questions relatives à la santé. Le trafic de cocaïne n’atteignait pas encore sa gigantesque ampleur actuelle. Depuis, de très graves problèmes ont surgi qui exigent des analyses profondes.
L’ONU affirme avec délicatesse, au sujet de cette question épineuse du rapport entre la drogue et la criminalité organisée : « L’Amérique latine n’est pas efficace dans son combat contre la criminalité. »
Les informations publiées par différentes institutions varient à cause du caractère sensible de cette question. Les données sont parfois si complexes et si nombreuses qu’elles peuvent induire en erreur. En tout cas, ce qui est incontestable, c’est que le problème s’aggrave, et très vite.
Voilà presque un mois et demi, le 11 février 2011, le Conseil citoyen pour la sécurité publique et la justice du Mexique a publié un rapport qui offre des données intéressantes sur les cinquante villes les plus violentes au monde compte tenu des homicides commis en 2010 : le Mexique en réunit le quart. Et, pour la troisième année consécutive, Ciudad Juárez, à la frontière étasunienne, occupe le premier rang.
Le rapport affirme : « Cette année, le taux d’assassinats à Juárez a été supérieur de 35 p. 100 à celui de Kandahar, en Afghanistan, qui occupe la seconde place, et de 941 p. 100 à celui de Bagdad », autrement dit presque dix fois plus que la capitale iraquienne, qui apparaît au cinquantième rang de la liste.
San Pedro Sula, au Honduras, occupe la troisième place avec 125 assassinats pour 100 000 habitants, seulement dépassée par Ciudad Juárez, au Mexique, avec 229 et Kandahar, en Afghanistan, avec 169.
Tegucigalpa, au Honduras, occupe la sixième place, avec 109 assassinats pour 100 000 habitants.
Ainsi donc, le Honduras, le pays où se trouve la base aérienne étasunienne de Palmerola où un coup d’État a été fomenté sous l’administration Obama, compte deux villes parmi les six premières au monde en matière d’assassinat. La capitale du Guatemala atteint 106.
Toujours selon ce rapport, Medellín (Colombie) figure parmi les villes les plus violentes d’Amérique et du monde avec 87,42 assassinats.
Le discours du président étasunien Barack Obama en El Salvador et sa conférence de presse postérieure m’imposent le devoir de publier ces lignes sur ce point.
Dans mes Réflexions du 21 mars, je l’ai critiqué pour son manque d’éthique : n’avoir même pas mentionné au Chili le nom de Salvador Allende, un symbole de dignité et de courage pour le monde entier, mort des suites du coup d’État fomenté par un président étasunien.
Comme il devait se rendre le lendemain en El Salvador, un pays centraméricain qui symbolise les luttes des peuples de Notre Amérique et qui a été parmi ceux qui ont le plus souffert de la politique des USA sur notre sous-continent, j’ai écrit : « Là, il va falloir qu’il s’ingénie pas mal, parce que les armes et les instructeurs reçus des administrations étasuniennes ont fait couler bien du sang dans ce pays frère. Je lui souhaite un bon voyage et un peu plus de… bon sens. »
Je dois avouer qu’il a été un peu plus délicat à cette dernière étape de sa tournée latino-américaine.
Tous les Latino-Américains, croyants ou non, admirent monseigneur Oscar Arnulfo Romero et les six jésuites lâchement assassinés par les nervis que les Etats-Unis ont entraînés, soutenus et armés jusqu’aux dents. Le FMLN, une organisation militante de gauche, livra en El Salvador une des luttes les plus héroïques de notre continent, et le parti issu des rangs de ses glorieux combattants – dont l’histoire profonde n’a pas encore été écrite – fut élu par le peuple à la présidence du pays.
Il est urgent en tout cas de se colleter avec le dilemme dramatique que vit non seulement El Salvador, mais encore le Mexique, le reste de l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud.
Obama en personne a affirmé qu’environ deux millions de Salvadoriens, soit 30 p. 100 des habitants, vivaient aux USA où des centaines de milliers d’habitants ont été contraints d’émigrer à cause de la répression brutale orchestrée contre les patriotes et du pillage systématique de ce pays par les États-Unis.
Ce qu’il y a de nouveau, c’est qu’à la situation désespérée des Centraméricains, sont venus s’ajouter le pouvoir incroyable des bandes terroristes, le trafic d’armes sophistiquées et la demande de drogues en provenance du marché étasunien.
Dans le bref discours qu’il a prononcé avec son visiteur, le président salvadorien a affirmé :
« J’ai insisté devant lui sur le fait que la criminalité organisée, le trafic de drogues, l’insécurité des citoyens n’étaient pas des questions qui inquiétaient uniquement El Salvador, le Guatemala, le Honduras ou le Nicaragua, ni même le Mexique ou la Colombie, mais qu’elles préoccupaient la région dans son ensemble, et que nous œuvrons à cet égard pour la mise en place d’une stratégie régionale à travers l’Initiative centraméricaine concernant la sécurité régionale (CARCIS).
« J’ai insisté sur le fait que cette question ne devait pas être abordée seulement par la répression de la criminalité à travers le renforcement de nos polices et de nos armées, mais qu’il fallait aussi mettre l’accent sur la prévention du délit et que la meilleure arme pour combattre la délinquance en soi dans la région était par conséquente d’investir dans des politiques sociales. »
Le président étasunien a répondu :
« Le président Funes s’est engagé à créer plus de possibilités économiques ici, en El Salvador, pour que les gens ne soient pas obligés à se rendre dans le Nord pour maintenir leur famille.
« Je sais que c’est particulièrement important pour les quelques deux millions de Salvadoriens qui vivent et travaillent aux États-Unis. […] J’ai donc informé le président des nouvelles lois de protection du consommateur que j’ai signées et qui informent mieux les gens et garantissent que les envois de fonds familiaux parviennent à leurs destinataires.
« Nous engageons aussi de nouveaux efforts pour faire face aux trafiquants de drogues et aux gangs qui ont provoqué tant de violence dans tous nos pays, en particulier ici en Amérique centrale. […]
« …nous dégagerons deux cent millions de dollars pour appuyer les efforts ici dans la région, y compris pour aborder… les facteurs sociaux et économiques qui poussent les jeunes à la délinquance. Nous aiderons à renforcer les tribunaux, les groupes de la société civile et les institutions qui défendent la légalité. »
Rien de mieux pour exprimer l’essence même d’une situation douloureuse et triste.
Le fait est que de nombreux jeunes centraméricains sont poussés par l’impérialisme à tenter de traverser une frontière toujours plus rigide et plus infranchissable ou de prêter service aux richissimes gangs de narcotrafiquants.
J’ai une question à poser à Obama : Ne serait-il pas juste que les États-Unis promulguent une Loi d’ajustement pour tous les Latino-Américains, à l’image de celle qu’ils ont inventée pour punir Cuba voilà plus d’un demi-siècle ? La quantité de personnes qui meurent à la frontière des USA ou qui meurent d’ores et déjà chaque année par dizaine de milliers dans les peuples auxquels vous offrez une « Alliance entre égaux » continuera-t-elle de croître à l’infini ?


Fidel Castro Ruz 

Le 25 mars 2011
 
 
   

samedi 29 janvier 2011

HAZTE CARGO DE TUS PALABRAS


Hazte cargo de tus palabras.

Vive al amparo de una nueva inteligencia,
abandona la multitud pasada,
crepúsculo piadoso.

Sube sombras que te cobijan
y monta a pelo,
alrededores de ciudades muertas.

Quítate el collar de recuerdos,
abre viejos cofres donde duermen
álbumes antiguos,
retocados fantasmas.

Después,
todo se borra.

La aldea sumergida,
los remolinos
que vuelven a hundirse
en el mar.

Calafatea el pubis aventurero
llegando en rumores a calles desoladas.
En el asombro generoso,
que sapiente y desconocido,
modela con severos pespuntes,
rumiante entre líneas,
una alegría consonante.

Jaime Icho Kozak 



                                                            

jeudi 27 janvier 2011

LA CASA GRANDE

En la casa grande había una escalera
por donde un poco más y se llegaba al cielo.
Allí, en aquél paraíso acanalado,
los árboles y los gorriones se podían tocar
-ramas y vocerío y bolitas peludas y sombras allá abajo
y libertad rugiendo en la tarde profunda-.
Allá en la casa grande había un cuarto con novelas de la Dama de Negro
y una bella ventana que daba hacia el vacío.
Había abuelos, tías, otros parientes complicados
(segundos o terceros pero fundamentales):
don Carlos, con su ojo vacío y un millón de fantasmas,
su razón que se fue y lo dejó esperando
en medio de las gallinas, entre las bobas higueras
y el sombrío galpón con su olor inmortal a cemento.
Allá en la casa grande había suaves patios cubiertos por el verdor de las uvas.
Había aquella sala y el reloj donde suena toda mi infancia
(reloj que ya no suenas y que alguien se llevó)
y había un piano en esa sala, donde incontables sillas enfundadas de blanco
recibieron los novios impecables, las ancianas amigas que ya no volverán.
¡En la casa grande!, ¡en la casa grande! Había retratos
de personas muy serias que no existieron nunca,
había camas imponentes como el palacio de justicia,
roperos con espejos donde cabía el alma,
había un sótano con arcones y espadas de Sandokán
y un comedor con un trinchero abarrotado de maravillas
(en la mesa cabían todos los dioses del Olimpo:
allí comieron el distante, entonces no sabido, milagro de estar juntos),
y aquel zaguán donde ya nunca resonará mi llanto,
y la puerta por donde nunca más entraré.
Allí quedó tras esa puerta mi equipaje.
la casa grande no era el mundo.

RAÚL GUSTAVO AGUIRRE
Argentina-1927  
  


                                                              Saura - "Grattage"
                              

samedi 22 janvier 2011

Luis-Ferdinand Céline par Frédéric Dard

Frédéric Dard:
                                 
                                                                       

"La troisième balise, je vais la choisir en fonction de mon métier: Louis-Ferdinand Céline. Pourquoi lui? J'ai eu des tas de chocs littéraires dans ma vie, mais je pense que Céline est vraiment l'écrivain qui m'a le plus télescopé.
D'abord par le courage, ou l'inconscience, qu'il a eu dans sa démesure. Maintenant, personne ne sourcille plus. Mais à l'époque, cela a été un coup de tonnerre dans les Lettres: il y avait les pro-céliniens et les anti-céliniens. C'était nettement tranché. Il y avait ceux qui le conspuaient, qui le vouait aux gémonies, et puis ceux qui voyaient se lever une aube nouvelle. Moi, j'étais de ceux-là.

C'est vers seize ans que j'ai rencontré un type formidable, un peu fou, un peu démesuré, très célinien d'ailleurs, qui m'a fait découvrir Céline. C'est lui qui, un jour, m'a mis «Le voyage» entre les mains, et qui m'a dit: «Lis-le. Tu verras, on n'avait jamais écrit ça auparavant. Cela doit chambouler ta vie». Et effectivement, ça a chamboulé ma vie.

                                             

Il me semble que c’est un récit de sexe pornographique.




AÑO III

ÉDITORIAL  
 
Moi-même j’ai plus peur d’écrire ce qui m’arrive avec l’argent et les personnes qui m’entourent qu’écrire sur les relations amoureuses, même les plus intimes. Donner et recevoir de l’argent est aussi une relation amoureuse, mais plus interdite.
La loi ne sanctionne pas, elle ne se rend même pas compte d’une caresse mal donnée ou inconvenante d’un père à un de ses enfants mais cette même loi condamne le père qui donne de l’argent à un de ses enfants.  
Presque toutes les femmes tolèrent, plus ou moins bien, que leur mari les trompe mais elles ne tolèrent ni bien ni mal une trahison économique. Quelques hommes peuvent tolérer que leur femme les trompent, mais aucun ne tolère une trahison économique. Là, ils sont capables de tuer ce qu’ils aimaient. L’argent semble, pour l’homme et la femme actuels, plus fort que le sexe et plus efficace pour résoudre les problèmes de la vie.
D’autre part, l’argent peut produire du sexe, de l’amour, si on le veut ainsi, et de l’argent. Le sexe ne produit pas d’argent à moins qu’il se transforme en un travail insalubre (par exemple, la prostitution). Et on ne gagne jamais vraiment trop d’argent en faisant travailler le sexe ; suffisamment, mais pour presque rien . Et la seule chose que sache faire l’amour de l’argent c’est le dépenser.
Ces recherches, presque des pensées, sont une manière possible de pouvoir commencer un jour à écrire sur la relation à laquelle l’argent me soumet.
L’argent me soumet, veut dire que lorsque je décide de bien vivre, d’aimer, d’étudier, d’écrire, de parler, ou si je  veux prendre des vacances et m’occuper un peu de politique , l’argent me dit que sans argent tout ce que je veux, que je désire, auquel j’aspire, n’est pas possible. Ou bien pire, quelqu’un d’intelligent pourra me dire que je ne veux pas, que je ne désire pas, que je n’aspire à rien parce que sinon je produirais l’argent qui le rende possible.
C’est sur ce point que l’argent est pour le sujet, une fois de plus, plus fort que le sexe. Hommes et femmes qui ont pu partager, avec d’autres hommes et femmes, leurs corps et le corps de leurs amants, maintenant dans la vie adulte ils ne produisent de l’argent que pour manger et déféquer, pour ne pas avoir à le partager.
Je veux dire que l’envie chez le sujet est plus structurée, est plus expressive face au fétiche argent que face au fétiche sexuel.
Exemple : Je suis jalouse de ta secrétaire, je ressens pour elle une jalousie insupportable.
Quand lui, pour la calmer, lui dit : « Mais chérie, nous n’avons jamais fait l’amour », elle, rapidement, lui dit : « Peu m’importe que dans tes contes tu fasses l’amour avec ta secrétaire, je suis jalouse parce qu’elle, elle a ta signature bancaire ».
Lui aussi il souffre de la même chose, parce qu’il aurait été disposé à abandonner la relation amoureuse avec sa secrétaire, mais il n’est pas disposé à supprimer la signature de sa secrétaire des comptes bancaires.
Une fois de plus, et cette fois-ci dans la pensée, l’argent a été plus fort que le sexe.
Nous pourrions dire que j’ai passé la matinée dans ces lignes et je n’ai réussi à relater absolument rien, alors que ce sont des choses simples avec l’argent et moi il me semble que c’est un récit de sexe pornographique.

lundi 10 janvier 2011

LE VÉRITABLE VOYAGE

                        
                         Attention! Attention!
                    nous sommes sur le point de sombrer.
Vous aviez cru,
que nous naviguions
sur un puissant transatlantique
et cependant je vous le dis:

ma vie  
est un petit radeau amoureux.

Je vois surgir entre les ombres
une lumière que personne n'éteindra.
Formée de vers et de parfums
comme des vents insondables
comme une cataracte de chair
abandonnée
qui enfin
trouve son royaume.


Règne de nuages
d'antiques parfums
et de parfums inconcevables.
Petits radeaux amoureux
toujours sur le point de sombrer.


Pour l'instant
ramer sera la seule passion
jusqu'à atteindre le poème
en ce mouvement.

Ramez jusqu'à rester sans forces et, là,
vous comprendrez le motif de ma passion.


Nous irons sur les plus beaux fleuves
et avec le temps
nous oserons les grands océans
la beauté des bourrasques en mer
et nous craindrons toujours de disparaitre,
petits, dans cette immensité qui nous entoure.


Savoir nager ou être grandioses
ne nous servira à rien
pour arriver
nous devrons
maintenir le radeau à flot
et nous nous maintenir
sur le radeau.
Voilà
tout le mystère.


Un jour le bateau se brisera
en mille fragments
et chacun devra apprendre
à se soutenir sur des morceaux de planche.


Si le poème est possible possible est la vie.

Ramez
agonisez en ramant
jusqu'à sentir que seul
c'est impossible.
Restez sans forces.
Regardez comme d'autres rament
et comme je rame moi-même
les mains ensanglantées par l'effort
sans repos
jusqu'à trouver dans ce mouvement
le poème.


Et chacun aura son petit radeau amoureux.
Maitre de sa vie et de sa mort
il peut s'étendre sur le radeau
pour toujours
ne plus ramer
et laisser les eaux
l'emporter n'importe où.


Et un autre ramant désespérément
en le voyant
écrira un poème.


Ramer dans n'importe quelle direction ne sert pas non plus.

La terre que promet
la poésie
est toujours la même.
On y arrive ou on n'y arrive pas.
Elle a besoin de rois
de centaures
elle se laisse seulement semer
par des révolutionnaires et des fanatiques
par des hommes qui sur sa terre
construisent leur maison et leur famille
leurs grandes illusions.


Celui qui répète ce qui est fait ne la trouvera jamais.

Ramez
pour arriver à cette terre
comme personne n'a ramé
et il vous sera offert
à votre arrivée
des mets qui n'ont jamais été
offerts à personne.


Et dans les nuits de désillusion
quand rien n'est possible
dans cette obscurité
demandez aux plus âgés
qu'ils vous racontent
des grands navigateurs
les anciennes prouesses
dans de petits bateaux de papier.


Chaque partie du chemin parcouru
aura ses dangers.
Rien ne sera facile pour le poète.


Viendra l'amour et il faudra s'éprendre
jusqu'à sentir que la chair
tremblante est un poème.
Et ainsi arrivera
l'inoubliable nuit
où pour un instant
cette passion sera la poésie.


Face au doute ne pas cesser de ramer.

Prendre dans nos bras
fortifiés comme des griffes
par la cruauté de l'exercice,
la personne aimée
et continuer à ramer
avec les dents si c'est nécessaire.
Avec le temps elle, aussi,
fera de l'exercice avec nous.


Ensuite, à deux, à trois,
entre tous,
une fois rompue l'immensité de l'unique
viendra la mort.
Et aucune vaillance ne vaudra
parce qu'elle se targue
d'avoir tué
tous les vaillants
à la première rencontre.
Et aucune lâcheté ne vaudra non plus
parce qu'elle tue tout ce qui fuit.


Pour rencontrer la mort
il est nécessaire
d'avoir appris quelque chose de l'amour:
Ni fuir. Ni s'en prendre à rien.
Apprendre à parler tranquillement
voilà ce qu'enseigne l'amour.

Quand elle s'approchera
et qu'elle viendra pour nous
avec son regard immense
comme elle-même est immense,
la laisser s'approcher
jusqu'à ce qu'elle écoute notre respiration
entrecoupée par la rencontre.
Et elle attendrie
comme c'est sa coutume
nous tendra la main
pour que nous accompagnions
votre majesté
à l'immutable
règne du silence.



quand s'abandonner
est le plus facile
regarder dans ses yeux
l'immensité qui lui appartient
et lui dire entre les dents:
Mort aimée
mon amoureuse
j'écrirai ton nom
sur tous les murs
j'embrasserai
sans crainte tes lèvres
comme jamais
aucun homme ne l'a fait
et je t'aimerai tu verras
entre le sang,
dans les grandes catastrophes
et je t'aimerai aussi
quand un blanc bourgeon
règnera sur ton cœur.


La grande émotion
qui parcourt son manteau noir
en se retrouvant dans un poème
font de la mort une femme.
Elle aussi terminera par ramer
tranquillement jusqu'à la rive
et elle partagera mon pain et mes amours
et elle volera durant les nuits
pour abriter en son sein,
ceux qui ont cessé de ramer
et elle reviendra
pour me rencontrer
et me raconter ses prouesses.


Comme si chaque fois
était la première
je recommencerai à respirer
comme respirent les athlètes
et l'ayant appris d'elle
je la regarderai attendri et je lui dirai:


Ma mort amoureuse
et elle
sera heureuse.


Ensuite il faut continuer à ramer.

Ils nous demanderont
et nous dirons:
nous avons été avec l'amour
et nous avons été, aussi,
avec la mort.
Au début ils ne nous croiront pas
ils diront que pour l'homme
c'est impossible.
Ils nous demanderont des preuves,
nous, nous leurs montrerons
comme si c'était le ciel
quelques poèmes
et nous réussirons par ce geste
qu'arrive jusqu'à nous
le temps de la moquerie.


De grandes embarcations qui ne cherchent rien
parce qu'elles croient avoir
passeront une fois et une fois encore près de nous
en essayant de couler avec leurs jeux
notre petit radeau amoureux.


Ils nous appelleront
de leurs luxueuses embarcations,
des noms
dont on nomme les déchets.
Poètes. Fous. Assassins.
Et dans le brouhaha stupide de leurs jeux
tout sera possible.
Ils nous jetteront quelques pierres
et ils se diront
rien ne les offense et furieux
ils nous crieront:
Battez-vous, lâches! Défendez-vous.


Et après mille fois et mille fois encore
les yeux exorbités
par la fatigue
et aussi par la surprise de voir
notre petit radeau amoureux
suivant son chemin
et nous,
y ramant tranquillement.


Après avoir traversé
sains et saufs le chemin de la moquerie
viendra je vous l'assure
le temps de l'or.


Lassés de leurs propres rires
ils voudront jouer à notre jeu.
Combien coute ce bois
sur le point de pourrir
que vous utilisez comme embarcation?
Et combien votre vie?
Combien ces vieilles cartes
de navigation
et combien ces poèmes?


Ils coutent, monsieur,
ce que coute à un homme,
cesser de s'appartenir
et se livrer au poème.


Combien d'argent cela coute-t-il?

Tout et aucun
peut-être votre propre vie.


Combien d'argent coute
ma vie alors?


Tout et aucun.
Votre vie est des paroles
comme toutes les vies
et, cela, si j'ai bien compris,
ne vaut rien.


Et combien d'argent coute penser ainsi?

Tout et aucun.
Il faut se plonger
ramer et ne rien attendre.
Voilà ce que ça coute.
Se plonger et ne rien attendre
dans les ténèbres,
vers une autre obscurité plus grande
le poème.


Une fois amoureux
l'amour et la mort
et rejetés l'or
et la moquerie considérés impurs
viendra et de nulle part
parce qu'elle
a toujours vécu avec nous
la folie.


Le pire de tous les détroits.
Elle surgit imprévue,
la surprise
étant la loi de son destin
et elle ne vient pour aucune lutte
parce qu'elle amène le désir
de se lier d'amitié avec le poète.


Et quand elle arrive
elle nous dit entre murmures
que son monde et le monde de la poésie
sont le même monde.


Face au doute il faut continuer à ramer.

Difforme elle se laisse modeler
par nos paroles
tandis qu'elle a aussi sa grandeur.

Je suis de l'amour, nous dit-elle,
ce déchainement
et la passion
éternelle de la mort.


J'ai pour habitude
de mépriser l'or
et cependant
l'ardent désir de tuer
qu'engendrent ses lois
est intoxiqué de folie.


Là, elle et la poésie se ressemblent.

Au moment de se rejoindre
dans notre regard,
comme si elles étaient une seule chose
la poésie, vieille louve de mer,
rame un moment avec nous
pour nous montrer
que la folie
depuis qu'elle est arrivée
reste dans le même coin
sans ramer
se rappelant tout le temps
son passé.


Contents
d'avoir compris
la différence
nous enfermons la folie
dans un poème
et nous continuons à ramer
jusqu'à ce qu'un jour
convaincus de sa maladresse pour la navigation
nous la livrons
à l'amour et à la mort
pour que la folie
apprenne à voler. 


                                           Miguel Oscar Menassa





                                         - Rébellion de mots -
                                                                   Miguel Menassa


vendredi 7 janvier 2011

Jour

De quel ciel tombé,
oh insolite,
immobile solitaire dans la vague du temps ?
Tu es la durée,
le temps qui mûrit
en un instant énorme, diaphane :
flèche dans l'air
blanc ensorcelant
et espace sans mémoire de flèche maintenant.
Jour fait de temps et de vide:
tu m'abandonnes, effaces
mon nom et ce que je suis,
me comblant de toi: lumière, rien.

Et je flotte, sans moi maintenant, pure existence.

Octavio Paz
 "Liberté sur Parole"
Traduction de Sylvie Lachaume




 

samedi 25 décembre 2010

Revue hebdomadaire INDIO GRIS Nº 463 - jeudi 23 de decembre - Année 2010 (traduction)

             VOUS SAVIEZ ?

    - Que l'identification avec un autre être vivant est ce qui permet que le propre corps trouve son lieu. Chez le malade psychosomatique ce qui échoue c'est quelque chose qui a à voir avec ce processus primaire d'identification.
    - Que la médecine psychosomatique met en contact la psychanalyse et la médecine. Elle établit une nouvelle conception de la maladie où est montré l'interaction du corps et de l'esprit.
    - Que le corps, en plus de corps biologique, est aussi la scène sur laquelle se représente le psychisme humain et doit être pris en compte à l'heure de lire les processus de devenir malade.
    - Que la peau est un “organe d'expression” qui réagit de façon directe aux processus inconscients, d'une manière spécifique moyennant les allergies ou des maladies de peau, qui à travers elle nous parlent, au-delà du contrôle conscient.
    - Que les connaissances générales sur le processus ulcéreux ont évolué jusqu'à être considéré aujourd'hui comme une maladie psychosomatique.
    - Que quand un enfant fait pipi au lit, après avoir appris à ne pas le faire, nous voyons dans cet acte un signal de quelque chose qui ne peut pas être contrôlé et qui n'est pas que l'urine, sinon aussi une relation affective impropre de son âge, trop intense pour ce moment-là de son développement psychique.
    - Que les spécialistes considèrent que l'état d'esprit es un facteur clef dans l'apparition et le développement du cancer.
                                                                                                         Indio Gris                                                                                                                                                                                                




                                                                                   Caravane de Lumière
                                                      Peinture de Miguel Oscar Menassa      


                  

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dimanche 19 décembre 2010

Droits Humains aux États-Unis

18 décembre 2010

L'union Européenne reconnait qu'elle a perdu de l'intérêt pour les États-Unis. Mais la soumission morale est parfois plus grande que la soumission économique.

Si l'Europe ne se réveille pas, les contrats millionnaires que la Chine aurait préféré signer avec l'Europe, les États-Unis les garderont et quand le commerce se libèrera à Cuba, il sera entier aux États-Unis.

L'Europe devra sortir de sa léthargie et changer un peu sa morale.

Se rendre compte une fois pour toutes, que l'entière faute de la crise actuelle, qui est très grande, n'est pas de l'Espagne et ni même de l'Allemagne ou de la France, sinon l'étouffement des hypothèques poubelles et, de manière plus fondamentale, le marché immobilier aux États-Unis.

Vive l'Empire, bien qu'il tombe !



Psychanalyste, à la retraite en partie

Introducción Sinfónica - Gustavo Adolfo Bécquer

     

 Los extravagantes hijos de mi fantasia, duermen por los tenebrosos rincones de mi cerebro, acurrucados y desnudos, esperando en el silencio que el Arte los vista de la palabra, para poderse presentar decentes en la escena del mundo.
      Fecunda, como el leche de amor de la Miseria, y parecida a esos padres que engendran más hijos de los que pueden alimentar, mi Musa concibe y pare en el misterioso santuario de la cabeza, poblándolo de creaciones sin número, a las cuales ni mi actividad ni todos los años que me restan de vida serían suficientes a dar forma.
      Y aquí, dentro, desnudos y deformes, revueltos y barajados en indescriptible confusión, los siento a veces agitarse y vivir con una vida obscura y extraña, semejante a la de esas miríadas de gérmenes que hierven y se estremecen en una eterna incubación, dentro de las entrañas de la tierra, sin encontrar fuerzas bastantes para salir a la superficie y convertirse, al beso del sol, en flores y frutos.
      Conmigo van, destinados a morir conmigo, sin que de ellos quede otro rastro que el que deja un sueño de la medianoche, que a la mañana no puede recordarse. En algunas ocasiones, y ante esta idea terrible, se subleva en ellos el instinto de la vida, y agitándose en terrible, aunque silencioso tumulto, buscan en tropel por dónde salir a la luz de las tinieblas enque viven. Pero¡ay!, que entre el mundo de la idea y el de la forma existe un abismo, que sólo puede salvar la palabra, y la palabra, tímida y perezosa, se niega a secundar sus esfuerzos. Mudos, sombríos e impotentes, después de la lucha inútil lucha vuelven a caer en los surcos de las sendas, si cae el viento, las hojas amarillas que levantó el remolino.
      Estas sediciones de los rebeldes hijos de la imaginación explican algunas de mis fiebres; ellas son la causa, desconocida para la ciencia, de mis exaltaciones y mis abatimientos. Y así, aunque mal, vengo viviendo hasta aquí, paseando por entre la indiferente multitud esta silenciosa tempestad de mi cabeza. Así vengo viviendo; pero todas las cosas tienen un término, y a éstas hay que ponerles punto.
      El Insomnio y la Fantasía siguen procreando en monstruoso maridaje. Sus creaciones, apretadas ya como las raquíticas plantas de vivero, pugnan por dilatar su fantástica existencia, disputándose los átomos de la memoria como el escaso jugo de una tierra estéril. Necesario es abrir paso a las aguas más profundas, que acabarán por romper el dique, diariamente aumentadas por un manantial vivo.
      ¡Andad, pues; andad y vivid con la única vida que puedo daros! Mi inteligencia os nutrirá lo suficiente para que seáis palpables. Os vestirá aunque sea de harapos, lo bastante para que no avergüence vuestra desnudez. Yo quisiera forjar para cada uno de vosotros una maravillosa estrofa tejida de frases exquisitas, en la que os pudierais envolver con orgullo, como en um manto de púrpura. Yo quisiera poder cincelar la forma que ha de conteneros, como se cincela el vaso de oro que ha de guardar un preciado perfume. ¡Más es imposible?
      No obstante, necesito descansar; necesito, del mismo modo que se sangra el cuerpo por cuyas hinchadas venas se precipita la sangra con pletórico empuje, desahogar el cuerpo, insuficiente a contener tantos absurdos.
      Quedad, pues consignados aquí, como la estela nebulosa que señala el paso de un desconocido cometa; como los átomos dispersos de un mundo en embrión que aventa por el aire la muerte antes que su Creador haya podido pronunciar el Fiat Lux que separa la claridad de las sombras.
      No quiero que en mis noches sin sueño volvaís a pasar por delante de mis ojos, en extravagante procesión, pidiéndome con gestos y contorsiones que os saque a la vida de la realidad, del limbo en que vivís semejantes a fantasmas sin consistensia. No quiero que al romperse esta arpa vieja y cascada ya se pierdan, a la vez que el instrumento, las ignoradas notas que contenía. Deseo ocuparme un poco del mundo que me rodea, pudiendo, una vez vacío, apartar los ojos de este mundo que llevo dentro de la cabeza. El sentido común, que es la barera de los sueños, comienza a flaquear, y las gentes de diversos campos se mezclan y se confunden. Me cuesta trabajo saber qué cosas he soñado y cuáles me han sucedido; mis afectos se reparten entre fantasmas de la imaginación y personajes reales; mi memoria clasifica revueltos nombres y fechas de mujeres y días que no han existido sino en mi mente. Preciso es acabar arrojandos de la cabeza de una vez para siempre.
      Si morir es dormir, quiero dormir en paz en la noche de la Muerte, sin que vengáis a ser mi pesadilla, maldiciéndome por haberos condenado a la nada antes de haber nacido. Id, pues, al mundo, a cuyo contacto fuisteis y quedad en él como el eco que encontraron en un alma que pasó por la tierra sus alegrías y sus dolores, sus esperanzas y sus luchas.
      Tal vez muy pronto tendré que hacer la maleta para el gran viaje; de una hora a otra puede desligarse el espíritu de la materia para remontarse a regiones más puras. No quiero, cuando esto suceda, llevar conmigo, como el abigarrado equipaje de un saltimbanqui, el tesoro de oropeles y guiñapos que ha ido acumulando la fantasia en los desvanes del cerebro. 

Gustavo Adolfo Bécquer - "Rimas y leyendas"

samedi 27 novembre 2010

LE SEXE NE TOMBE PAS

                                                          

                                  1

L’enseignement le plus grand que j’ai à vous donner
c’est que le sexe ne tombe pas.
Il se développe, se transmute, devient insensible,
pleure, bâille d’ennui, se libère trop.
Il attrape des maladies, guérit, se repentit,
il est homme et il est femme et il ne sait rien de l’amour.
Il veut être femme quand il doit être homme
et il veut être un homme quand il doit être enfant
et mère il veut être quand il est femme
et s’il doit être femme il veut être enfant,
serpent ou sorcière il veut être et putain
et il veut être n’importe quoi
à condition de ne rien savoir de ça.

                                  2

Mais le sexe ne tombe pas :
il se livre, il se soumet,
il réduit en esclavage tous les sens
pour demeurer là,
caché ou éclatant en morceaux,
dépecé et seul,
dressé et ferme, toujours impuni,
totalement ouvert aux caresses,
au baiser, à la tendresse,
ou bien presque fermé, obscur, mou,
faible, sur le point d’échouer partout
et il s’enferme en lui-même
et avec une main il se masturbe
et avec l’autre main il attend
et il se masturbe
et il semble même que l’homme
meurt ainsi, tout petit, appauvri
sans rien à dire, sans âme.

                                    3

Et, cependant, je vous dis :
le sexe ne tombe pas
et, si ça sert à quelque chose,
moi-même je serai l’exemple.
Parfois, je le crois aussi :
Je suis un grand homme, me dis-je,
je suis un grand homme et, le lendemain,
je me lève perclus et douloureux
comme si un train chargé
de marchandises dangereuses
m’était passé dessus.

                                   4

Très peu de choses parlent de moi
avec une certaine clarté.
Mes amours sont très passionnés,
je ne peux trouver en eux,
même s’il y en avait,
aucune intelligence et
ma propre intelligence est entravée,
par manque de passion.


                                  5

Avec l’argent, ce qui m’arrive,
c’est que je ne sais jamais qui il est :
si moi, parce que je le gagne,
ou elle, parce qu’elle le dépense.


                                 6

Et, ensuite, il y a ces après-midi glorieuses
où je ne peux pas reconnaître comme m’appartenant
ma propre peau.
Elle, elle se met en moi mais seulement
pour qu’une autre femme la caresse.
Et l’autre femme me caresse
après s’être rendue compte que, en moi,
tout ce qu’on me donne c’est elle qui le reçoit.
Après ces rencontres,
où tout le monde jouit et moi,
je ne me rends compte de rien,
nous traversons des instants de paix
où la musique arrive jusqu’à nous
et nous restons comme suspendus
à un récit dramatique.

                                   7

Elles
essaient sur elles-mêmes
des manœuvres de violence,
sans se regarder dans les yeux,
sans se rendre compte que je suis en train de les regarder
et moi, pauvre homme, amant de la solitude,
je ne comprends pas pourquoi il m’arrive ces choses-là.

Et elle et l’autre sourient traîtreusement
et se disent l’une à l’autre qu’elles m’aiment.

                                   8

Au moment de nous déshabiller, nous sommes libres :
elles, elles se regardent de profil dans le miroir,
et moi, extasié, je tombe à genoux et je m’adore,
mais le sexe ne tombe pas.


MIGUEL OSCAR MENASSA

Du livre "LA MAESTRÍA Y YO"
Traduction de Clémence Clonis
Publié sur POÉSIE ESPAGNOLE                
"Punto de encuentro" - MOM