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samedi 27 novembre 2010

LE SEXE NE TOMBE PAS

                                                          

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L’enseignement le plus grand que j’ai à vous donner
c’est que le sexe ne tombe pas.
Il se développe, se transmute, devient insensible,
pleure, bâille d’ennui, se libère trop.
Il attrape des maladies, guérit, se repentit,
il est homme et il est femme et il ne sait rien de l’amour.
Il veut être femme quand il doit être homme
et il veut être un homme quand il doit être enfant
et mère il veut être quand il est femme
et s’il doit être femme il veut être enfant,
serpent ou sorcière il veut être et putain
et il veut être n’importe quoi
à condition de ne rien savoir de ça.

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Mais le sexe ne tombe pas :
il se livre, il se soumet,
il réduit en esclavage tous les sens
pour demeurer là,
caché ou éclatant en morceaux,
dépecé et seul,
dressé et ferme, toujours impuni,
totalement ouvert aux caresses,
au baiser, à la tendresse,
ou bien presque fermé, obscur, mou,
faible, sur le point d’échouer partout
et il s’enferme en lui-même
et avec une main il se masturbe
et avec l’autre main il attend
et il se masturbe
et il semble même que l’homme
meurt ainsi, tout petit, appauvri
sans rien à dire, sans âme.

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Et, cependant, je vous dis :
le sexe ne tombe pas
et, si ça sert à quelque chose,
moi-même je serai l’exemple.
Parfois, je le crois aussi :
Je suis un grand homme, me dis-je,
je suis un grand homme et, le lendemain,
je me lève perclus et douloureux
comme si un train chargé
de marchandises dangereuses
m’était passé dessus.

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Très peu de choses parlent de moi
avec une certaine clarté.
Mes amours sont très passionnés,
je ne peux trouver en eux,
même s’il y en avait,
aucune intelligence et
ma propre intelligence est entravée,
par manque de passion.


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Avec l’argent, ce qui m’arrive,
c’est que je ne sais jamais qui il est :
si moi, parce que je le gagne,
ou elle, parce qu’elle le dépense.


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Et, ensuite, il y a ces après-midi glorieuses
où je ne peux pas reconnaître comme m’appartenant
ma propre peau.
Elle, elle se met en moi mais seulement
pour qu’une autre femme la caresse.
Et l’autre femme me caresse
après s’être rendue compte que, en moi,
tout ce qu’on me donne c’est elle qui le reçoit.
Après ces rencontres,
où tout le monde jouit et moi,
je ne me rends compte de rien,
nous traversons des instants de paix
où la musique arrive jusqu’à nous
et nous restons comme suspendus
à un récit dramatique.

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Elles
essaient sur elles-mêmes
des manœuvres de violence,
sans se regarder dans les yeux,
sans se rendre compte que je suis en train de les regarder
et moi, pauvre homme, amant de la solitude,
je ne comprends pas pourquoi il m’arrive ces choses-là.

Et elle et l’autre sourient traîtreusement
et se disent l’une à l’autre qu’elles m’aiment.

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Au moment de nous déshabiller, nous sommes libres :
elles, elles se regardent de profil dans le miroir,
et moi, extasié, je tombe à genoux et je m’adore,
mais le sexe ne tombe pas.


MIGUEL OSCAR MENASSA

Du livre "LA MAESTRÍA Y YO"
Traduction de Clémence Clonis
Publié sur POÉSIE ESPAGNOLE                
"Punto de encuentro" - MOM
                                                                                                                                              

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