La guerre,
aujourd'hui j'ai pensé aux messieurs et la guerre.
Et je dois le dire, même si personne ne le croit,
mille litres de sang coagulé se sont mis à pleurer.
Le ventre de ma mère déchiqueté en mille morceaux,
ses bras, ses amours, ses nerfs congelés.
Mon père, son regard brisé par le temps,
mon père mort, pourri, proie des vers
et mes tristes frères et moi-même, vivant de silences.
La guerre,
aujourd'hui j'ai pensé aux dames et la guerre.
Chez mon peuple personne ne dormait bien,
le coeur de la ville vivait troublé.
Les femmes tissaient durant les nuits des chiffons de sang,
les hommes murmuraient, tramaient des vengeances, mouraient.
Les plus jeunes portaient le deuil en permanence
et les petits anges futurs mouraient avant de naître
et mes tristes sœurs et moi-même, mourant de silences.
La guerre,
cette fois, aussi, sera avec d'autres.
Je parlerai avec les voix occultes de la terre,
avec ces morts qui furent, totalement,
privés de leur liberté.
Beaux garçons, pleins d'énergies,
morts avant terme.
Je suis cette grandiose énergie liberée,
personne ne pourra me vaincre, je suis un million de morts,
l'hymne que la mort réclame pour elle,
le noir du noir,
les éclats du noir,
les émeraudes de la mort.
Miguel Oscar Menassa
"L'amour existe et la liberté aussi"
"Visage de la mort"
Miguel Oscar Menassa
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mercredi 16 janvier 2013
mardi 15 janvier 2013
Nous nous sommes rencontrés hier
Rencontres
avec des montres molles et des parfums inattendus jusqu'à l'aube.
Des
éclairs volatilisaient les rideaux de la pièce
et
allumaient des miroirs.
Ensuite
venaient les rituels
et sur le sol gisaient des dentelles intérieures
marquant
des routes de déviations,
destinées
inconnues des corps.
C'était
comme des chiffons jetés au hasard
pour
atteindre la nudité,
qui
n'indiquait pas l'évanouissement final
ou
l'incertaine écriture de deux vies
qui
entraient dans une parenthèse.
Bulle
avec la mûre promise du Jardin halluciné,
et
soupçons d'une éternité interrompue
par
les bruits de l'ambiance qui dénaturaient les promesses.
Des
ailes pour voler et la bulle naviguait des espaces
parce
que se déplacer était son destin
et
perdre l'apparence jusqu'à la prochaine rencontre.
Après
venaient à nouveau les parfums
et
l'eau glissant sur le corps
et
les chiffons acquéraient leur importance de soies et de coton,
et
des peignes et des chaussures
et
ce souvenir inévitable du monde
qui
nous attendait à la sortie de ce rêve,
pour
redevenir ceux que nous n'étions pas non plus.
vendredi 4 janvier 2013
Dit de la Force et de l'Amour
Entre tous mes tourments entre la mort et moi
Entre mon désespoir et la raison de vivre
Il y a l'injustice et ce malheur des hommes
Que je ne peux admettre il y a ma colère
Il y a les maquis couleur de sang d'Espagne
Il y a les maquis couleur du ciel de Grèce
Le pain le sang le ciel et le droit à l'espoir
Pour tous les innocents qui haïssent le mal
Entre mon désespoir et la raison de vivre
Il y a l'injustice et ce malheur des hommes
Que je ne peux admettre il y a ma colère
Il y a les maquis couleur de sang d'Espagne
Il y a les maquis couleur du ciel de Grèce
Le pain le sang le ciel et le droit à l'espoir
Pour tous les innocents qui haïssent le mal
La lumière toujours est tout près de s'éteindre
La vie toujours s'apprête à devenir fumier
Mais le printemps renaît qui n'en a pas fini
Un bourgeon sort du noir et la chaleur s'installe
La vie toujours s'apprête à devenir fumier
Mais le printemps renaît qui n'en a pas fini
Un bourgeon sort du noir et la chaleur s'installe
Et la chaleur aura raison des égoïstes
Leurs sens atrophiés n'y résisteront pas
J'entends le feu parler en riant de tiédeur
J'entends un homme dire qu'il n'a pas souffert
Toi qui fus de ma chair la conscience sensible
Toi que j'aime à jamais toi qui m'as inventé
Tu ne supportais pas l'oppression ni l'injure
Tu chantais en rêvant le bonheur sur la terre
Tu rêvais d'être libre et je te continue.
Leurs sens atrophiés n'y résisteront pas
J'entends le feu parler en riant de tiédeur
J'entends un homme dire qu'il n'a pas souffert
Toi qui fus de ma chair la conscience sensible
Toi que j'aime à jamais toi qui m'as inventé
Tu ne supportais pas l'oppression ni l'injure
Tu chantais en rêvant le bonheur sur la terre
Tu rêvais d'être libre et je te continue.
LA POÉSIE EST ARRIVÉE ET M’A DIT
Un oui ou bien un
non, m’ont fait
ouvrir de nouveaux chemins, abandonner des chemins.
ouvrir de nouveaux chemins, abandonner des chemins.
Jusqu’à ce qu’une
nuit, je tombe sur la Poésie
je passais mon temps à voler d’un côté à l’autre
selon le caprice de mes tendres bien-aimées
qui de l’amour ne savaient que faire l’amour.
je passais mon temps à voler d’un côté à l’autre
selon le caprice de mes tendres bien-aimées
qui de l’amour ne savaient que faire l’amour.
La Poésie m’a dit
gravement :
Pour vivre, un homme, n’a pas besoin de voler
et moins encore d’un côté à l’autre derrière sa bien-aimée.
Un homme doit avoir les pieds à la hauteur des pieds.
Pour vivre, un homme, n’a pas besoin de voler
et moins encore d’un côté à l’autre derrière sa bien-aimée.
Un homme doit avoir les pieds à la hauteur des pieds.
L’âme à la
portée d’une brève caresse,
le soleil sur la terre à l’heure du soleil,
le corps et la parole tels des fleuves disponibles
et la nuit un rêve, une histoire d’amour.
le soleil sur la terre à l’heure du soleil,
le corps et la parole tels des fleuves disponibles
et la nuit un rêve, une histoire d’amour.
Un homme a tous ses
espoirs en l’homme.
Un homme a comme drapeau la liberté.
Il donne de l’eau à l’assoiffé et lutte pour un morceau de pain
et il aime, il fait comme s’il aimait mais il ne sait pas aimer.
Un homme a comme drapeau la liberté.
Il donne de l’eau à l’assoiffé et lutte pour un morceau de pain
et il aime, il fait comme s’il aimait mais il ne sait pas aimer.
Un homme, a dit la
Poésie sévèrement,
un homme sait qu’il mourra et ça lui est égal.
Il sait qu’il meurt quand il écrit et, cependant, il écrit.
Il sait que chaque amour le tue et, cependant, il tombe amoureux.
un homme sait qu’il mourra et ça lui est égal.
Il sait qu’il meurt quand il écrit et, cependant, il écrit.
Il sait que chaque amour le tue et, cependant, il tombe amoureux.
Un homme, lui
dis-je, ambitionne de voler
et bien qu’il ne puisse pas ça lui est égal.
Il ambitionne de voler, il aime l’illusion de voler.
Sentir à cet instant qu’un jour…
et bien qu’il ne puisse pas ça lui est égal.
Il ambitionne de voler, il aime l’illusion de voler.
Sentir à cet instant qu’un jour…
Un homme, Poésie,
est capable de tuer,
il est capable de dévorer le cœur aimé,
d’enlever de sa bouche avec dégoût un baiser d’amour
et d’aimer, de ses amants captifs, l’argent.
il est capable de dévorer le cœur aimé,
d’enlever de sa bouche avec dégoût un baiser d’amour
et d’aimer, de ses amants captifs, l’argent.
Et un après-midi
aussi , un homme
se laisse caresser par une brise, un air,
un sentiment le frappe en pleine poitrine
et le pauvre homme dans sa chute tombe amoureux.
se laisse caresser par une brise, un air,
un sentiment le frappe en pleine poitrine
et le pauvre homme dans sa chute tombe amoureux.
Et il fait comme
s’il avait du sang dans les veines
et il saute et il court et il se caresse avec frénésie
et il veut se livrer, totalement, par amour
et là, la police arrive et on le met en prison.
et il saute et il court et il se caresse avec frénésie
et il veut se livrer, totalement, par amour
et là, la police arrive et on le met en prison.
Tu me suis, Poésie
? C’est de l’homme dont nous parlons.
Il est capable de mourir pour de faux idéaux
capable de faire la guerre pour presque rien
de laisser mourir son autre moitié, en silence.
Il est capable de mourir pour de faux idéaux
capable de faire la guerre pour presque rien
de laisser mourir son autre moitié, en silence.
Il se met dans le
centre du volcan et le défie.
Il veut traverser les océans avec son corps,
toucher l’immensité, le ciel avec ses vers
percer le ventre de la montagne, la pierre.
Il veut traverser les océans avec son corps,
toucher l’immensité, le ciel avec ses vers
percer le ventre de la montagne, la pierre.
L’homme veut
arriver avec ses battements
au centre inconnu de la terre,
à la vie intime de tous ses amants,
il veut arriver, au cœur des choses.
au centre inconnu de la terre,
à la vie intime de tous ses amants,
il veut arriver, au cœur des choses.
Et il tombe
amoureux, Poésie,
et il pourrit comme une fleur au soleil
quand quelqu’un meurt ou l’abandonne.
et il pourrit comme une fleur au soleil
quand quelqu’un meurt ou l’abandonne.
Miguel Oscar
MENASSA
“Volcánicos murmullos “de
Miguel Oscar Menassa
samedi 17 novembre 2012
J'AI CHERCHÉ
À mon fils Pablo
J’ai cherché, obstinément,
un pas vers l’avant
et je n’ai rien pu trouver.
J’ai essayé, habilement,
de tomber des hauteurs
et je n’obtenais rien.
J’ai voyagé, follement,
par des rues impossibles,
sans trouver le ciel.
J’ai laissé, posément,
tout ce que j’aime
et tout ce que j’aime
est en moi.
J’ai cherché, obstinément,
un pas vers l’avant
et je n’ai rien pu trouver.
J’ai essayé, habilement,
de tomber des hauteurs
et je n’obtenais rien.
J’ai voyagé, follement,
par des rues impossibles,
sans trouver le ciel.
J’ai laissé, posément,
tout ce que j’aime
et tout ce que j’aime
est en moi.
Toujours au même endroit,
lointain et paisible,
regardant les étoiles,
toujours contre moi-même,
paralysé de terreur,
sans trouver le désir.
Sans personne qui arrache
de mes yeux, sans lumière,
des bandeaux obscurs.
Toujours caché
dans mon propre cœur,
sans issues à peine,
sans amour.
lointain et paisible,
regardant les étoiles,
toujours contre moi-même,
paralysé de terreur,
sans trouver le désir.
Sans personne qui arrache
de mes yeux, sans lumière,
des bandeaux obscurs.
Toujours caché
dans mon propre cœur,
sans issues à peine,
sans amour.
Je laisse des traces sur mes pas
et je me déclare en liberté.
Je ne veux plus tomber,
je ne cherche plus de cieux impossibles,
ni de lumières fascinées,
ni de pas en avant qui,
simplement,
soulagent ma douleur ou ma tristesse.
et je me déclare en liberté.
Je ne veux plus tomber,
je ne cherche plus de cieux impossibles,
ni de lumières fascinées,
ni de pas en avant qui,
simplement,
soulagent ma douleur ou ma tristesse.
En pleine liberté,
éloigné d’humaines velléités.
Laissant,
éloigné d’humaines velléités.
Laissant,
comme s’ils étaient des symptômes éternels,
que mes grands amours,
fassent avec moi cette sieste de l’âme, vivent, avec moi, cette douleur.
que mes grands amours,
fassent avec moi cette sieste de l’âme, vivent, avec moi, cette douleur.
de Pleurs de l'Exil
dimanche 4 novembre 2012
"Leer la situación, la realidad humana" - Seminario SIGMUND FREUD 2012/2013 por Amelia Díez Cuesta
"—¿Puede explicar la relación entre sobredeterminación y dominancia?
Decimos que la instancia económica sobredetermina la estructura social que está integrada por las instancias jurídico-política, filosófica, religiosa y la misma instancia sobredeterminante, la economía.
Que la instancia económica sobredetermine la estructura social quiere decir que en cualquier sistema de producción que estudiemos, sea esclavista, feudal, capitalista —las formaciones sociales padecidas por nuestra civilización—, podrán aparecer dominando el proceso social cualquiera de las instancias pero en todos los casos la sobredeterminación es económica. En el capitalismo la instancia económica es a la vez sobredeterminante y dominante.
Veamos la modificación padecida por la instancia religiosa, que dominaba los procesos sociales durante el feudalismo y que hubo de resignar tal dominio, a la instancia sobredeterminante con la producción de la revolución burguesa.
Bajo el feudalismo la idea de Dios era trascendente. Dios era el verbo, siempre igual, y en su quietud todo lo que era palabra participaba de su naturaleza en la que encontraba fundamento y sentido.
Las leyes del arte y la producción, en tanto revelación divina, no podían ser alteradas sino por los representantes del verbo divino, que no eran precisamente los artistas ni los que producían los bienes.
La instancia sobredeterminante era la económica, ya que sin producción material no hay vida en la que pueda residir ninguna humanidad. El campesino sembraba en una fecha del año y no en otra, porque si no, no crecía el trigo, ni la cebada, ni su propia vida, ni la de su señor. La organización productiva se produce en el quehacer productivo.
Esa organización no la inventó Dios, pero eso no le impidió apropiarse de ella, dictaminando como divinas esas leyes productivas por tener que ver con el verbo, que en todos los casos era Dios. Así, estas leyes padecieron las cualidades divinas donde el producto de la actividad productiva —la organización de los procesos de trabajo— se presentaba como un orden que, por provenir de Dios, participaba de sus cualidades:
ser inmutables. Esta vocación no impidió que la instancia económica modificara su organización. Este cambio se generó en un proceso donde las relaciones de producción —la manera de intercambiar entre los hombres—, dominadas por la religión, entran en contradicción con los cambios que acontecían en la organización productiva. El producto de esta contradicción es un nuevo sistema de producción social: el capitalismo.
¿Qué ocurrió con el Dios trascendente?
Mutó en Dios inmanente. El Dios protestante, el Dios hegeliano que se transforma en la transformación de la cosa, inmane en cada gestalt. Es lícito, en este nuevo orden divino, la investigación de la cosa porque en esta actividad se recorre el camino de la búsqueda del Señor yacente en ella. Las ciencias experimentales —pivot ideativo en que centra su posibilidad el nuevo sistema social, ya que de ellas dependen las transformaciones
de los instrumentos de producción—, antes heréticas, del beneplácito del nuevo Dios. Y no se trató de ninguna bondad, sino del resultado de la transformación social que relegó de su posición dominante a la religión, para pasar a una nueva dominación, la de la instancia sobredeterminante: la instancia económica. Los caracteres del ser Dios supeditan sus cualidades a los requisitos de la nueva dominación.
Donde antes las leyes de la producción eran inmutables por padecer el rigor de esa divinidad, hoy el orden divino inmane en la cosa por imperativo de la investigación de la nueva dominancia la economía consolidada en todo proceso de producción."
Freud y Lacan - hablados 1 -
De Miguel Oscar Menassa
Seminario SIGMUND FREUD 2012/2013 por Amelia Díez Cuesta
Decimos que la instancia económica sobredetermina la estructura social que está integrada por las instancias jurídico-política, filosófica, religiosa y la misma instancia sobredeterminante, la economía.
Que la instancia económica sobredetermine la estructura social quiere decir que en cualquier sistema de producción que estudiemos, sea esclavista, feudal, capitalista —las formaciones sociales padecidas por nuestra civilización—, podrán aparecer dominando el proceso social cualquiera de las instancias pero en todos los casos la sobredeterminación es económica. En el capitalismo la instancia económica es a la vez sobredeterminante y dominante.
Veamos la modificación padecida por la instancia religiosa, que dominaba los procesos sociales durante el feudalismo y que hubo de resignar tal dominio, a la instancia sobredeterminante con la producción de la revolución burguesa.
Bajo el feudalismo la idea de Dios era trascendente. Dios era el verbo, siempre igual, y en su quietud todo lo que era palabra participaba de su naturaleza en la que encontraba fundamento y sentido.
Las leyes del arte y la producción, en tanto revelación divina, no podían ser alteradas sino por los representantes del verbo divino, que no eran precisamente los artistas ni los que producían los bienes.
La instancia sobredeterminante era la económica, ya que sin producción material no hay vida en la que pueda residir ninguna humanidad. El campesino sembraba en una fecha del año y no en otra, porque si no, no crecía el trigo, ni la cebada, ni su propia vida, ni la de su señor. La organización productiva se produce en el quehacer productivo.
Esa organización no la inventó Dios, pero eso no le impidió apropiarse de ella, dictaminando como divinas esas leyes productivas por tener que ver con el verbo, que en todos los casos era Dios. Así, estas leyes padecieron las cualidades divinas donde el producto de la actividad productiva —la organización de los procesos de trabajo— se presentaba como un orden que, por provenir de Dios, participaba de sus cualidades:
ser inmutables. Esta vocación no impidió que la instancia económica modificara su organización. Este cambio se generó en un proceso donde las relaciones de producción —la manera de intercambiar entre los hombres—, dominadas por la religión, entran en contradicción con los cambios que acontecían en la organización productiva. El producto de esta contradicción es un nuevo sistema de producción social: el capitalismo.
¿Qué ocurrió con el Dios trascendente?
Mutó en Dios inmanente. El Dios protestante, el Dios hegeliano que se transforma en la transformación de la cosa, inmane en cada gestalt. Es lícito, en este nuevo orden divino, la investigación de la cosa porque en esta actividad se recorre el camino de la búsqueda del Señor yacente en ella. Las ciencias experimentales —pivot ideativo en que centra su posibilidad el nuevo sistema social, ya que de ellas dependen las transformaciones
de los instrumentos de producción—, antes heréticas, del beneplácito del nuevo Dios. Y no se trató de ninguna bondad, sino del resultado de la transformación social que relegó de su posición dominante a la religión, para pasar a una nueva dominación, la de la instancia sobredeterminante: la instancia económica. Los caracteres del ser Dios supeditan sus cualidades a los requisitos de la nueva dominación.
Donde antes las leyes de la producción eran inmutables por padecer el rigor de esa divinidad, hoy el orden divino inmane en la cosa por imperativo de la investigación de la nueva dominancia la economía consolidada en todo proceso de producción."
Freud y Lacan - hablados 1 -
De Miguel Oscar Menassa
Seminario SIGMUND FREUD 2012/2013 por Amelia Díez Cuesta
samedi 1 septembre 2012
Rainer Maria Rilke - Le Livre de la Pauvreté et de la Mort
Le Livre de la Pauvreté et de la Mort
Je
suis peut-être enfoui au sein des montagnes
solitaire comme une veine de métal pur;
je suis perdu dans un abîme illimité,
dans une nuit profonde et sans horizon.
Tout vient à moi, m'enserre et se fait pierre.
Je ne sais pas encore souffrir comme il faudrait,
et cette grande nuit me fait peur;
mais si c'est là ta nuit, qu'elle me soit pesante,
qu'elle m'écrase,
que toute ta main soit sur moi,
et que je me perde en toi dans un cri.
Toi, mont, seul immuable dans le chaos des montagnes,
pente sans refuge, sommet sans nom,
neige éternelle qui fait pâlir les étoiles,
toi qui portes à tes flancs de grandes vallées
où l'âme de la terre s'exhale en odeurs de fleurs.
Me suis-je enfin perdu en toi,
uni au basalte comme un métal inconnu?
Plein de vénération, je me confonds à ta roche,
et partout je me heurte à ta dureté.
Ou bien est-ce l'angoisse qui m'étreint,
l'angoisse profonde des trop grandes villes,
où tu m'as enfoncé jusqu'au cou?
Ah, si seulement un homme pouvait dire
toute leur insanité et toute leur horreur,
aussitôt tu te lèverais, première tempête de monde,
et les chasserais devant toi comme de la poussière_
Mais si tu veux que ce soit moi qui parle,
je ne le pourrai pas, car je ne comprends rien;
et ma bouche, comme une blessure,
ne demande qu'à se fermer,
et mes mains sont collées à mes côtés comme des chiens
qui restent sourds à tout appel.
Et pourtant, une fois, tu me feras parler.
Que je sois le veilleur de tous tes horizons
Permets à mon regard plus hardi et plus vaste
d'embrasser soudain l'étendue des mers.
Fais que je suive la marche des fleuves
afin qu'au delà des rumeurs de leurs rives
j'entende monter la voix silencieuse de la nuit.
Conduis-moi dans tes plaines battues de tous les vents
où d'âpres monastères ensevelissent entre leurs murs,
comme dans un linceul, des vies qui n'ont pas vécu
Car les grandes villes, Seigneur, sont maudites;
la panique des incendies couve dans leur sein
et elles n'ont pas de pardon à attendre
et leur temps leur est compté.
Là, des hommes insatisfaits peinent à vivre
et meurent sans savoir pourquoi ils ont souffert;
et aucun d'eux n'a vu la pauvre grimace
qui s'est substituée au fond des nuits sans nom
au sourire heureux d'un peuple plein de foi.
Ils vont au hasard, avilis par l'effort
de servir sans ardeur des choses dénuées de sens,
et leurs vêtements s'usent peu à peu,
et leurs belles mains vieillissent trop tôt.
La foule les bouscule et passe indifférente,
bien qu'ils soient hésitants et faibles,
seuls les chiens craintifs qui n'ont pas de gîte
les suivent un moment en silence.
Ils sont livrés à une multitude de bourreaux
et le coup de chaque heure leur fait mal;
ils rôdent, solitaires, autour des hôpitaux
en attendant leur admission avec angoisse.
La mort est là. Non celle dont la voix
les a miraculeusement touchés dans leurs enfances,
mais la petite mort comme on la comprend là;
tandis que leur propre fin pend en eux comme un fruit
aigre, vert, et qui ne mûrit pas.
O mon Dieu, donne à chacun sa propre mort,
donne à chacun la mort née de sa propre vie
où il connut l'amour et la misère.
Car nous ne sommes que l'écorce, que la feuille,
mais le fruit qui est au centre de tout
c'est la grande mort que chacun porte en soi.
C'est pour elle que les jeunes filles s'épanouissent,
et que les enfants rêvent d'être des hommes
et que les adolescents font des femmes leurs confidentes
d'une angoisse que personne d'autres n'accueille.
C'est pour elle que toutes les choses subsistent éternellement
même si le temps a effacé le souvenir,
et quiconque dans sa vie s'efforce de créer,
enclôt ce fruit d'un univers
qui tour à tour le gèle et le réchauffe.
Dans ce fruit peut entrer toute la chaleur
des coeurs et l'éclat blanc des pensées;
mais des anges sont venus comme une nuée d'oiseaux
et tous les fruits étaient encore verts.
Seigneur, nous sommes plus pauvres que les pauvres bêtes
qui, même aveugles, achèvent leur propre mort.
Oh, donne nous la force et la science
de lier notre vie en espalier
et le printemps autour d'elle commencera de bonne heure.
solitaire comme une veine de métal pur;
je suis perdu dans un abîme illimité,
dans une nuit profonde et sans horizon.
Tout vient à moi, m'enserre et se fait pierre.
Je ne sais pas encore souffrir comme il faudrait,
et cette grande nuit me fait peur;
mais si c'est là ta nuit, qu'elle me soit pesante,
qu'elle m'écrase,
que toute ta main soit sur moi,
et que je me perde en toi dans un cri.
Toi, mont, seul immuable dans le chaos des montagnes,
pente sans refuge, sommet sans nom,
neige éternelle qui fait pâlir les étoiles,
toi qui portes à tes flancs de grandes vallées
où l'âme de la terre s'exhale en odeurs de fleurs.
Me suis-je enfin perdu en toi,
uni au basalte comme un métal inconnu?
Plein de vénération, je me confonds à ta roche,
et partout je me heurte à ta dureté.
Ou bien est-ce l'angoisse qui m'étreint,
l'angoisse profonde des trop grandes villes,
où tu m'as enfoncé jusqu'au cou?
Ah, si seulement un homme pouvait dire
toute leur insanité et toute leur horreur,
aussitôt tu te lèverais, première tempête de monde,
et les chasserais devant toi comme de la poussière_
Mais si tu veux que ce soit moi qui parle,
je ne le pourrai pas, car je ne comprends rien;
et ma bouche, comme une blessure,
ne demande qu'à se fermer,
et mes mains sont collées à mes côtés comme des chiens
qui restent sourds à tout appel.
Et pourtant, une fois, tu me feras parler.
Que je sois le veilleur de tous tes horizons
Permets à mon regard plus hardi et plus vaste
d'embrasser soudain l'étendue des mers.
Fais que je suive la marche des fleuves
afin qu'au delà des rumeurs de leurs rives
j'entende monter la voix silencieuse de la nuit.
Conduis-moi dans tes plaines battues de tous les vents
où d'âpres monastères ensevelissent entre leurs murs,
comme dans un linceul, des vies qui n'ont pas vécu
Car les grandes villes, Seigneur, sont maudites;
la panique des incendies couve dans leur sein
et elles n'ont pas de pardon à attendre
et leur temps leur est compté.
Là, des hommes insatisfaits peinent à vivre
et meurent sans savoir pourquoi ils ont souffert;
et aucun d'eux n'a vu la pauvre grimace
qui s'est substituée au fond des nuits sans nom
au sourire heureux d'un peuple plein de foi.
Ils vont au hasard, avilis par l'effort
de servir sans ardeur des choses dénuées de sens,
et leurs vêtements s'usent peu à peu,
et leurs belles mains vieillissent trop tôt.
La foule les bouscule et passe indifférente,
bien qu'ils soient hésitants et faibles,
seuls les chiens craintifs qui n'ont pas de gîte
les suivent un moment en silence.
Ils sont livrés à une multitude de bourreaux
et le coup de chaque heure leur fait mal;
ils rôdent, solitaires, autour des hôpitaux
en attendant leur admission avec angoisse.
La mort est là. Non celle dont la voix
les a miraculeusement touchés dans leurs enfances,
mais la petite mort comme on la comprend là;
tandis que leur propre fin pend en eux comme un fruit
aigre, vert, et qui ne mûrit pas.
O mon Dieu, donne à chacun sa propre mort,
donne à chacun la mort née de sa propre vie
où il connut l'amour et la misère.
Car nous ne sommes que l'écorce, que la feuille,
mais le fruit qui est au centre de tout
c'est la grande mort que chacun porte en soi.
C'est pour elle que les jeunes filles s'épanouissent,
et que les enfants rêvent d'être des hommes
et que les adolescents font des femmes leurs confidentes
d'une angoisse que personne d'autres n'accueille.
C'est pour elle que toutes les choses subsistent éternellement
même si le temps a effacé le souvenir,
et quiconque dans sa vie s'efforce de créer,
enclôt ce fruit d'un univers
qui tour à tour le gèle et le réchauffe.
Dans ce fruit peut entrer toute la chaleur
des coeurs et l'éclat blanc des pensées;
mais des anges sont venus comme une nuée d'oiseaux
et tous les fruits étaient encore verts.
Seigneur, nous sommes plus pauvres que les pauvres bêtes
qui, même aveugles, achèvent leur propre mort.
Oh, donne nous la force et la science
de lier notre vie en espalier
et le printemps autour d'elle commencera de bonne heure.
Rainer
Maria Rilke (Praga, 1875)
mercredi 29 août 2012
NAZIM HIKMET: DE VOS MAINS ET DU MENSONGE
Vos mains graves comme les pierres tristes comme les airs chantés dans la prison lourdes, massives commes les bêtes de somme, vos mains qui ressemblent aux visages furieux des gosses affamés! Vos mains légères, habiles comme les abeilles, chargées comme les mamelles de lait, intrépides comme la nature, vos mains qui gardent sous leur peau dure l’affection et l’amitié. Notre planète ne tient pas entre les cornes d’un bœuf, elle tient entre vos mains... Ah les hommes, les nôtres, On vous nourrit de mensonges alors qu’affamés il vous faut du pain, de la viande, Vous quittez ce monde aux branches lourdes de fruits sans avoir mangé une seule fois sur une nappe propre. Ah les hommes, les nôtres, surtout ceux d’Asie, d’Afrique, du moyen et du proche Orient, des Iles du Pacifique et ceux de mon pays, c’est-à-dire plus de soixante-dix pour cent des hommes, vous êtes endormis, vous êtes vieux.... Vous êtes curieux, vous êtes jeunes comme vos mains... Les hommes, ah les nôtres, mon frère d’Europe ou d’Amérique, tu es alerte, tu es audacieux, et tu es étourdi comme tes mains, on te ment, on te fait marcher... Les hommes, ah les nôtres, si elle mentent les antennes, si elle mentent les rotatives, s’ils mentent les livres, s’ils mentent, l’affiche, l’avis sur la colonne, si elle mentent sur l’écran les jambes nues des filles, si la prière ment, si elle ment la berceuse, s’il ment le rêve s’il ment celui qui joue du violon dans le cabaret, s’il ment, le clair de la lune dans les nuits désespérées, si elle ment la parole, si elle ment la couleur, si elle ment la voix, s’il ment, celui qui exploite vos mains, si tout le monde et toutes les choses mentent à l’exception de vos mains, c’est pour qu’elles soient obéissantes, comme l’argile aveugles comme les ténèbres idiotes comme le chien de berger et pour que ne se révoltent pas vos mains et pour que ne finisse pas cette injustice, le rêve du trafiquant dans ce monde mortel dans ce monde où il ferait bon de vivre. NAZIM HIKMET
Traduit par Hasan Gureh (Sabahattin Eyuboğlu) Anthologie poétique, EFR, Paris, 1964.
mardi 28 août 2012
VICENTE ALEIXANDRE - COMO LA MAR, LOS BESOS
Como La Mar, Los Besos
No importan los emblemas
ni las vanas palabras que son un soplo sólo.
Importa el eco de lo que oí y escucho.
Tu voz, que muerta vive, como yo que al pasar
aquí aún te hablo.
Eras más consistente,
más duradera, no porque te besase,
ni porque en ti asiera firme a la existencia.
Sino porque como la mar
después que arena invade temerosa se ahonda.
En verdes o en espumas la mar, se aleja.
Como ella fue y volvió tú nunca vuelves.
Quizá porque, rodada
sobre playa sin fin, no pude hallarte.
La huella de tu espuma,
cuando el agua se va, queda en los bordes.
Sólo bordes encuentro. Sólo el filo de voz que
en mí quedara.
Como un alga tus besos.
Mágicos en la luz, pues muertos tornan.
Vicente
Aleixandre
LAS PALABRAS DEL POETA - VICENTE ALEIXANDRE
LAS PALABRAS DEL POETA
de las aún pronunciadas o dichas,
¿qué esperas? Unas hojas volantes,
más papeles dispersos. ¿Quién sabe? Unas palabras
deshechas, como el eco o la luz que muere allá en gran noche.
Todo es noche profunda.
Morir es olvidar unas palabras dichas
en momentos de delicia o de ira, de éxtasis o abandono
cuando, despierta el alma, por los ojos se asoma
más como luz que cual sonido experto.
Experto, pues que dispuesto fuese
en virtud de su son sobre página abierta,
apoyado en palabras, o ellas con el sonido calan
el aire y se reposan. No con virtud suprema,
pero sí con un orden, infalible, si quieren.
Pues obedientes, ellas, las palabras, se atienen
a su virtud y dóciles
se posan soberanas, bajo la luz se asoman
por una lengua humana que a expresarlas se aplica.
Y la mano reduce
su movimiento a hallarlas,
no: a descubrirlas, útil, mientras brillan, revelan,
cuando no, en desengaño, se evaporan.
Así, quedadas a las veces, duermen,
residuo al fin de un fuego intacto
que si murió no olvida,
pero débil su memoria dejó, y allí se hallase.
Todo es noche profunda.
Morir es olvidar palabras, resortes, vidrio, nubes,
para atenerse a un orden
invisible de día, pero cierto en la noche, en gran abismo.
Allí la tierra, estricta,
no permite otro amor que el centro entero.
Ni otro beso que serle.
Ni otro amor que el amor que, ahogado, irradia.
En las noches profundas
correspondencia hallasen
las palabras dejadas o dormidas.
En papeles volantes, ¿quién las sabe u olvida?
Alguna vez, acaso, resonarán, ¿quién sabe?
en unos pocos corazones fraternos.
VICENTE
ALEIXANDRE
(España-1898)
(España-1898)
lundi 27 août 2012
ARTHUR RIMBAUD : "GÉNIE"
Génie
Il est l'affection et le présent, puisqu'il a fait la maison ouverte à l'hiver écumeux et à la rumeur de l'été, - lui qui a purifié les boissons et les aliments - lui qui est le charme des lieux fuyants et le délice surhumain des stations. Il est l'affection et l'avenir, la force et l'amour que nous, debout dans les rages et les ennuis, nous voyons passer dans le ciel de tempête et les drapeaux d'extase.
Il est l'amour, mesure parfaite et réinventée, raison merveilleuse et imprévue, et l'éternité : machine aimée des qualités fatales. Nous avons tous eu l'épouvante de sa concession et de la nôtre : ô jouissance de notre santé, élan de nos facultés, affection égoïste et passion pour lui, lui qui nous aime pour sa vie infinie...
Et nous nous le rappelons, et il voyage... Et si l'Adoration s'en va, sonne, sa promesse sonne : "Arrière ces superstitions, ces anciens corps, ces ménages et ces âges. C'est cette époque-ci qui a sombré !"
Il ne s'en ira pas, il ne redescendra pas d'un ciel, il n'accomplira pas la rédemption des colères de femmes et des gaîtés des hommes et de tout ce péché : car c'est fait, lui étant, et étant aimé.
O ses souffles, ses têtes, ses courses ; la terrible célérité de la perfection des formes et de l'action.
O fécondité de l'esprit et immensité de l'univers.
Son corps ! Le dégagement rêvé, le brisement de la grâce croisée de violence nouvelle !
Sa vue, sa vue ! tous les agenouillages anciens et les peines relevés à sa suite.
Son jour ! l'abolition de toutes souffrances sonores et mouvantes dans la musique plus intense.
Son pas ! les migrations plus énormes que les anciennes invasions.
O lui et nous ! l'orgueil plus bienveillant que les charités perdues.
O monde ! et le chant clair des malheurs nouveaux !
Il nous a connus tous et nous a tous aimés. Sachons, cette nuit d'hiver, de cap en cap, du pôle tumultueux au château, de la foule à la plage, de regards en regards, forces et sentiments las, le héler et le voir, et le renvoyer, et sous les marées et au haut des déserts de neige, suivre ses vues, ses souffles, son corps, son jour.
ARTHUR RIMBAUD
Il est l'affection et le présent, puisqu'il a fait la maison ouverte à l'hiver écumeux et à la rumeur de l'été, - lui qui a purifié les boissons et les aliments - lui qui est le charme des lieux fuyants et le délice surhumain des stations. Il est l'affection et l'avenir, la force et l'amour que nous, debout dans les rages et les ennuis, nous voyons passer dans le ciel de tempête et les drapeaux d'extase.
Il est l'amour, mesure parfaite et réinventée, raison merveilleuse et imprévue, et l'éternité : machine aimée des qualités fatales. Nous avons tous eu l'épouvante de sa concession et de la nôtre : ô jouissance de notre santé, élan de nos facultés, affection égoïste et passion pour lui, lui qui nous aime pour sa vie infinie...
Et nous nous le rappelons, et il voyage... Et si l'Adoration s'en va, sonne, sa promesse sonne : "Arrière ces superstitions, ces anciens corps, ces ménages et ces âges. C'est cette époque-ci qui a sombré !"
Il ne s'en ira pas, il ne redescendra pas d'un ciel, il n'accomplira pas la rédemption des colères de femmes et des gaîtés des hommes et de tout ce péché : car c'est fait, lui étant, et étant aimé.
O ses souffles, ses têtes, ses courses ; la terrible célérité de la perfection des formes et de l'action.
O fécondité de l'esprit et immensité de l'univers.
Son corps ! Le dégagement rêvé, le brisement de la grâce croisée de violence nouvelle !
Sa vue, sa vue ! tous les agenouillages anciens et les peines relevés à sa suite.
Son jour ! l'abolition de toutes souffrances sonores et mouvantes dans la musique plus intense.
Son pas ! les migrations plus énormes que les anciennes invasions.
O lui et nous ! l'orgueil plus bienveillant que les charités perdues.
O monde ! et le chant clair des malheurs nouveaux !
Il nous a connus tous et nous a tous aimés. Sachons, cette nuit d'hiver, de cap en cap, du pôle tumultueux au château, de la foule à la plage, de regards en regards, forces et sentiments las, le héler et le voir, et le renvoyer, et sous les marées et au haut des déserts de neige, suivre ses vues, ses souffles, son corps, son jour.
ARTHUR RIMBAUD
ARTHUR RIMBAUD: "GENIO"

Genio
Es
el afecto y el presente pues ha hecho la casa abierta al invierno
espumoso y al rumor del estío, él, que ha purificado las bebidas y
los alimentos, él, que es el encanto de los lugares huidizos y la
delicia sobrehumana de las estaciones. Es el afecto y el porvenir, la
fuerza y el amor que nosotros, de pie entre las rabias y los hastíos,
vemos pasar por
el cielo de tempestad y por las banderas de éxtasis.
Es
el amor, medida perfecta y reinventada, razón maravillosa e
imprevista, y la eternidad: máquina amada por las cualidades
fatales. Todos nosotros hemos tenido el espanto de su concesión y de
la nuestra.
¡Oh
gozo de nuestra salud, ímpetu de nuestras facultades, afecto egoísta
y pasión por él, él que nos ama en su vida infinita...¡
Y
nosotros lo recordamos y él viaja... y si la Adoración se va,
suena, su promesa suena: “Atrás esas supersticiones, esos antiguos
cuerpos, esas domesticidades y esas edades. ¡Es esta época que ha
zozobrado!”
No
se irá, no bajará otra vez de un cielo, no cumplirá con la
redención de las cóleras de mujeres y de las alegrías de los
hombres y de todo este pecado: eso ya está hecho, siendo él, y
siendo amado.
¡Oh
sus soplos, sus cabezas, sus carreras: la terrible celeridad de la
perfección de las formas y de la acción!
¡Oh
fecundidad del espíritu e inmensidad del universo!
¡Su
cuerpo! ¡El desprendimiento soñado, el rompimiento de la gracia
cruzada por violencia nueva!
¡Su
vista, su vista! todos los arrodillamientos antiguos y las penas
levantados tras su paso.
¡Su
día! la abolición de todos los sufrimientos sonoros y móviles en
la música más intensa.
¡Su
paso! las migraciones más enormes que las antiguas invasiones.
¡Oh
él y nosotros! el orgullo más benévolo que las caridades perdidas.
Nos
ha conocido a todos y a todos nos ha amado. Sepamos, en esta noche de
invierno, de cabo a cabo, del polo tumultuoso al castillo, de la
multitud a la playa, de mirada a mirada, fuerzas y sentimientos
cansados, llamarlo y verlo, y despedirlo, y bajo las mareas y en lo
alto de los desiertos de nieve, seguir sus miras, sus soplos, su
cuerpo, su día.
ARTHUR
RIMBAUD
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