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samedi 29 janvier 2011

HAZTE CARGO DE TUS PALABRAS


Hazte cargo de tus palabras.

Vive al amparo de una nueva inteligencia,
abandona la multitud pasada,
crepúsculo piadoso.

Sube sombras que te cobijan
y monta a pelo,
alrededores de ciudades muertas.

Quítate el collar de recuerdos,
abre viejos cofres donde duermen
álbumes antiguos,
retocados fantasmas.

Después,
todo se borra.

La aldea sumergida,
los remolinos
que vuelven a hundirse
en el mar.

Calafatea el pubis aventurero
llegando en rumores a calles desoladas.
En el asombro generoso,
que sapiente y desconocido,
modela con severos pespuntes,
rumiante entre líneas,
una alegría consonante.

Jaime Icho Kozak 



                                                            

jeudi 27 janvier 2011

LA CASA GRANDE

En la casa grande había una escalera
por donde un poco más y se llegaba al cielo.
Allí, en aquél paraíso acanalado,
los árboles y los gorriones se podían tocar
-ramas y vocerío y bolitas peludas y sombras allá abajo
y libertad rugiendo en la tarde profunda-.
Allá en la casa grande había un cuarto con novelas de la Dama de Negro
y una bella ventana que daba hacia el vacío.
Había abuelos, tías, otros parientes complicados
(segundos o terceros pero fundamentales):
don Carlos, con su ojo vacío y un millón de fantasmas,
su razón que se fue y lo dejó esperando
en medio de las gallinas, entre las bobas higueras
y el sombrío galpón con su olor inmortal a cemento.
Allá en la casa grande había suaves patios cubiertos por el verdor de las uvas.
Había aquella sala y el reloj donde suena toda mi infancia
(reloj que ya no suenas y que alguien se llevó)
y había un piano en esa sala, donde incontables sillas enfundadas de blanco
recibieron los novios impecables, las ancianas amigas que ya no volverán.
¡En la casa grande!, ¡en la casa grande! Había retratos
de personas muy serias que no existieron nunca,
había camas imponentes como el palacio de justicia,
roperos con espejos donde cabía el alma,
había un sótano con arcones y espadas de Sandokán
y un comedor con un trinchero abarrotado de maravillas
(en la mesa cabían todos los dioses del Olimpo:
allí comieron el distante, entonces no sabido, milagro de estar juntos),
y aquel zaguán donde ya nunca resonará mi llanto,
y la puerta por donde nunca más entraré.
Allí quedó tras esa puerta mi equipaje.
la casa grande no era el mundo.

RAÚL GUSTAVO AGUIRRE
Argentina-1927  
  


                                                              Saura - "Grattage"
                              

samedi 22 janvier 2011

Luis-Ferdinand Céline par Frédéric Dard

Frédéric Dard:
                                 
                                                                       

"La troisième balise, je vais la choisir en fonction de mon métier: Louis-Ferdinand Céline. Pourquoi lui? J'ai eu des tas de chocs littéraires dans ma vie, mais je pense que Céline est vraiment l'écrivain qui m'a le plus télescopé.
D'abord par le courage, ou l'inconscience, qu'il a eu dans sa démesure. Maintenant, personne ne sourcille plus. Mais à l'époque, cela a été un coup de tonnerre dans les Lettres: il y avait les pro-céliniens et les anti-céliniens. C'était nettement tranché. Il y avait ceux qui le conspuaient, qui le vouait aux gémonies, et puis ceux qui voyaient se lever une aube nouvelle. Moi, j'étais de ceux-là.

C'est vers seize ans que j'ai rencontré un type formidable, un peu fou, un peu démesuré, très célinien d'ailleurs, qui m'a fait découvrir Céline. C'est lui qui, un jour, m'a mis «Le voyage» entre les mains, et qui m'a dit: «Lis-le. Tu verras, on n'avait jamais écrit ça auparavant. Cela doit chambouler ta vie». Et effectivement, ça a chamboulé ma vie.

                                             

Il me semble que c’est un récit de sexe pornographique.




AÑO III

ÉDITORIAL  
 
Moi-même j’ai plus peur d’écrire ce qui m’arrive avec l’argent et les personnes qui m’entourent qu’écrire sur les relations amoureuses, même les plus intimes. Donner et recevoir de l’argent est aussi une relation amoureuse, mais plus interdite.
La loi ne sanctionne pas, elle ne se rend même pas compte d’une caresse mal donnée ou inconvenante d’un père à un de ses enfants mais cette même loi condamne le père qui donne de l’argent à un de ses enfants.  
Presque toutes les femmes tolèrent, plus ou moins bien, que leur mari les trompe mais elles ne tolèrent ni bien ni mal une trahison économique. Quelques hommes peuvent tolérer que leur femme les trompent, mais aucun ne tolère une trahison économique. Là, ils sont capables de tuer ce qu’ils aimaient. L’argent semble, pour l’homme et la femme actuels, plus fort que le sexe et plus efficace pour résoudre les problèmes de la vie.
D’autre part, l’argent peut produire du sexe, de l’amour, si on le veut ainsi, et de l’argent. Le sexe ne produit pas d’argent à moins qu’il se transforme en un travail insalubre (par exemple, la prostitution). Et on ne gagne jamais vraiment trop d’argent en faisant travailler le sexe ; suffisamment, mais pour presque rien . Et la seule chose que sache faire l’amour de l’argent c’est le dépenser.
Ces recherches, presque des pensées, sont une manière possible de pouvoir commencer un jour à écrire sur la relation à laquelle l’argent me soumet.
L’argent me soumet, veut dire que lorsque je décide de bien vivre, d’aimer, d’étudier, d’écrire, de parler, ou si je  veux prendre des vacances et m’occuper un peu de politique , l’argent me dit que sans argent tout ce que je veux, que je désire, auquel j’aspire, n’est pas possible. Ou bien pire, quelqu’un d’intelligent pourra me dire que je ne veux pas, que je ne désire pas, que je n’aspire à rien parce que sinon je produirais l’argent qui le rende possible.
C’est sur ce point que l’argent est pour le sujet, une fois de plus, plus fort que le sexe. Hommes et femmes qui ont pu partager, avec d’autres hommes et femmes, leurs corps et le corps de leurs amants, maintenant dans la vie adulte ils ne produisent de l’argent que pour manger et déféquer, pour ne pas avoir à le partager.
Je veux dire que l’envie chez le sujet est plus structurée, est plus expressive face au fétiche argent que face au fétiche sexuel.
Exemple : Je suis jalouse de ta secrétaire, je ressens pour elle une jalousie insupportable.
Quand lui, pour la calmer, lui dit : « Mais chérie, nous n’avons jamais fait l’amour », elle, rapidement, lui dit : « Peu m’importe que dans tes contes tu fasses l’amour avec ta secrétaire, je suis jalouse parce qu’elle, elle a ta signature bancaire ».
Lui aussi il souffre de la même chose, parce qu’il aurait été disposé à abandonner la relation amoureuse avec sa secrétaire, mais il n’est pas disposé à supprimer la signature de sa secrétaire des comptes bancaires.
Une fois de plus, et cette fois-ci dans la pensée, l’argent a été plus fort que le sexe.
Nous pourrions dire que j’ai passé la matinée dans ces lignes et je n’ai réussi à relater absolument rien, alors que ce sont des choses simples avec l’argent et moi il me semble que c’est un récit de sexe pornographique.

lundi 10 janvier 2011

LE VÉRITABLE VOYAGE

                        
                         Attention! Attention!
                    nous sommes sur le point de sombrer.
Vous aviez cru,
que nous naviguions
sur un puissant transatlantique
et cependant je vous le dis:

ma vie  
est un petit radeau amoureux.

Je vois surgir entre les ombres
une lumière que personne n'éteindra.
Formée de vers et de parfums
comme des vents insondables
comme une cataracte de chair
abandonnée
qui enfin
trouve son royaume.


Règne de nuages
d'antiques parfums
et de parfums inconcevables.
Petits radeaux amoureux
toujours sur le point de sombrer.


Pour l'instant
ramer sera la seule passion
jusqu'à atteindre le poème
en ce mouvement.

Ramez jusqu'à rester sans forces et, là,
vous comprendrez le motif de ma passion.


Nous irons sur les plus beaux fleuves
et avec le temps
nous oserons les grands océans
la beauté des bourrasques en mer
et nous craindrons toujours de disparaitre,
petits, dans cette immensité qui nous entoure.


Savoir nager ou être grandioses
ne nous servira à rien
pour arriver
nous devrons
maintenir le radeau à flot
et nous nous maintenir
sur le radeau.
Voilà
tout le mystère.


Un jour le bateau se brisera
en mille fragments
et chacun devra apprendre
à se soutenir sur des morceaux de planche.


Si le poème est possible possible est la vie.

Ramez
agonisez en ramant
jusqu'à sentir que seul
c'est impossible.
Restez sans forces.
Regardez comme d'autres rament
et comme je rame moi-même
les mains ensanglantées par l'effort
sans repos
jusqu'à trouver dans ce mouvement
le poème.


Et chacun aura son petit radeau amoureux.
Maitre de sa vie et de sa mort
il peut s'étendre sur le radeau
pour toujours
ne plus ramer
et laisser les eaux
l'emporter n'importe où.


Et un autre ramant désespérément
en le voyant
écrira un poème.


Ramer dans n'importe quelle direction ne sert pas non plus.

La terre que promet
la poésie
est toujours la même.
On y arrive ou on n'y arrive pas.
Elle a besoin de rois
de centaures
elle se laisse seulement semer
par des révolutionnaires et des fanatiques
par des hommes qui sur sa terre
construisent leur maison et leur famille
leurs grandes illusions.


Celui qui répète ce qui est fait ne la trouvera jamais.

Ramez
pour arriver à cette terre
comme personne n'a ramé
et il vous sera offert
à votre arrivée
des mets qui n'ont jamais été
offerts à personne.


Et dans les nuits de désillusion
quand rien n'est possible
dans cette obscurité
demandez aux plus âgés
qu'ils vous racontent
des grands navigateurs
les anciennes prouesses
dans de petits bateaux de papier.


Chaque partie du chemin parcouru
aura ses dangers.
Rien ne sera facile pour le poète.


Viendra l'amour et il faudra s'éprendre
jusqu'à sentir que la chair
tremblante est un poème.
Et ainsi arrivera
l'inoubliable nuit
où pour un instant
cette passion sera la poésie.


Face au doute ne pas cesser de ramer.

Prendre dans nos bras
fortifiés comme des griffes
par la cruauté de l'exercice,
la personne aimée
et continuer à ramer
avec les dents si c'est nécessaire.
Avec le temps elle, aussi,
fera de l'exercice avec nous.


Ensuite, à deux, à trois,
entre tous,
une fois rompue l'immensité de l'unique
viendra la mort.
Et aucune vaillance ne vaudra
parce qu'elle se targue
d'avoir tué
tous les vaillants
à la première rencontre.
Et aucune lâcheté ne vaudra non plus
parce qu'elle tue tout ce qui fuit.


Pour rencontrer la mort
il est nécessaire
d'avoir appris quelque chose de l'amour:
Ni fuir. Ni s'en prendre à rien.
Apprendre à parler tranquillement
voilà ce qu'enseigne l'amour.

Quand elle s'approchera
et qu'elle viendra pour nous
avec son regard immense
comme elle-même est immense,
la laisser s'approcher
jusqu'à ce qu'elle écoute notre respiration
entrecoupée par la rencontre.
Et elle attendrie
comme c'est sa coutume
nous tendra la main
pour que nous accompagnions
votre majesté
à l'immutable
règne du silence.



quand s'abandonner
est le plus facile
regarder dans ses yeux
l'immensité qui lui appartient
et lui dire entre les dents:
Mort aimée
mon amoureuse
j'écrirai ton nom
sur tous les murs
j'embrasserai
sans crainte tes lèvres
comme jamais
aucun homme ne l'a fait
et je t'aimerai tu verras
entre le sang,
dans les grandes catastrophes
et je t'aimerai aussi
quand un blanc bourgeon
règnera sur ton cœur.


La grande émotion
qui parcourt son manteau noir
en se retrouvant dans un poème
font de la mort une femme.
Elle aussi terminera par ramer
tranquillement jusqu'à la rive
et elle partagera mon pain et mes amours
et elle volera durant les nuits
pour abriter en son sein,
ceux qui ont cessé de ramer
et elle reviendra
pour me rencontrer
et me raconter ses prouesses.


Comme si chaque fois
était la première
je recommencerai à respirer
comme respirent les athlètes
et l'ayant appris d'elle
je la regarderai attendri et je lui dirai:


Ma mort amoureuse
et elle
sera heureuse.


Ensuite il faut continuer à ramer.

Ils nous demanderont
et nous dirons:
nous avons été avec l'amour
et nous avons été, aussi,
avec la mort.
Au début ils ne nous croiront pas
ils diront que pour l'homme
c'est impossible.
Ils nous demanderont des preuves,
nous, nous leurs montrerons
comme si c'était le ciel
quelques poèmes
et nous réussirons par ce geste
qu'arrive jusqu'à nous
le temps de la moquerie.


De grandes embarcations qui ne cherchent rien
parce qu'elles croient avoir
passeront une fois et une fois encore près de nous
en essayant de couler avec leurs jeux
notre petit radeau amoureux.


Ils nous appelleront
de leurs luxueuses embarcations,
des noms
dont on nomme les déchets.
Poètes. Fous. Assassins.
Et dans le brouhaha stupide de leurs jeux
tout sera possible.
Ils nous jetteront quelques pierres
et ils se diront
rien ne les offense et furieux
ils nous crieront:
Battez-vous, lâches! Défendez-vous.


Et après mille fois et mille fois encore
les yeux exorbités
par la fatigue
et aussi par la surprise de voir
notre petit radeau amoureux
suivant son chemin
et nous,
y ramant tranquillement.


Après avoir traversé
sains et saufs le chemin de la moquerie
viendra je vous l'assure
le temps de l'or.


Lassés de leurs propres rires
ils voudront jouer à notre jeu.
Combien coute ce bois
sur le point de pourrir
que vous utilisez comme embarcation?
Et combien votre vie?
Combien ces vieilles cartes
de navigation
et combien ces poèmes?


Ils coutent, monsieur,
ce que coute à un homme,
cesser de s'appartenir
et se livrer au poème.


Combien d'argent cela coute-t-il?

Tout et aucun
peut-être votre propre vie.


Combien d'argent coute
ma vie alors?


Tout et aucun.
Votre vie est des paroles
comme toutes les vies
et, cela, si j'ai bien compris,
ne vaut rien.


Et combien d'argent coute penser ainsi?

Tout et aucun.
Il faut se plonger
ramer et ne rien attendre.
Voilà ce que ça coute.
Se plonger et ne rien attendre
dans les ténèbres,
vers une autre obscurité plus grande
le poème.


Une fois amoureux
l'amour et la mort
et rejetés l'or
et la moquerie considérés impurs
viendra et de nulle part
parce qu'elle
a toujours vécu avec nous
la folie.


Le pire de tous les détroits.
Elle surgit imprévue,
la surprise
étant la loi de son destin
et elle ne vient pour aucune lutte
parce qu'elle amène le désir
de se lier d'amitié avec le poète.


Et quand elle arrive
elle nous dit entre murmures
que son monde et le monde de la poésie
sont le même monde.


Face au doute il faut continuer à ramer.

Difforme elle se laisse modeler
par nos paroles
tandis qu'elle a aussi sa grandeur.

Je suis de l'amour, nous dit-elle,
ce déchainement
et la passion
éternelle de la mort.


J'ai pour habitude
de mépriser l'or
et cependant
l'ardent désir de tuer
qu'engendrent ses lois
est intoxiqué de folie.


Là, elle et la poésie se ressemblent.

Au moment de se rejoindre
dans notre regard,
comme si elles étaient une seule chose
la poésie, vieille louve de mer,
rame un moment avec nous
pour nous montrer
que la folie
depuis qu'elle est arrivée
reste dans le même coin
sans ramer
se rappelant tout le temps
son passé.


Contents
d'avoir compris
la différence
nous enfermons la folie
dans un poème
et nous continuons à ramer
jusqu'à ce qu'un jour
convaincus de sa maladresse pour la navigation
nous la livrons
à l'amour et à la mort
pour que la folie
apprenne à voler. 


                                           Miguel Oscar Menassa





                                         - Rébellion de mots -
                                                                   Miguel Menassa


vendredi 7 janvier 2011

Jour

De quel ciel tombé,
oh insolite,
immobile solitaire dans la vague du temps ?
Tu es la durée,
le temps qui mûrit
en un instant énorme, diaphane :
flèche dans l'air
blanc ensorcelant
et espace sans mémoire de flèche maintenant.
Jour fait de temps et de vide:
tu m'abandonnes, effaces
mon nom et ce que je suis,
me comblant de toi: lumière, rien.

Et je flotte, sans moi maintenant, pure existence.

Octavio Paz
 "Liberté sur Parole"
Traduction de Sylvie Lachaume