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samedi 5 novembre 2011

AUTOBIOGRAPHIE - NAZIM HIKMET

Je suis né en 1902
Je ne suis jamais revenu dans ma ville natale
Je n'aime pas les retours.
A l'âge de trois ans à Alep, je fis ma profession de petit-fils de pacha
à dix-neuf ans, d'étudiant à l'université communiste à Moscou
à quarante-neuf ans à Moscou, d'invité du Comité Central,
et depuis ma quatorzième année, j'exerce le métier de poète
Il y a des gens qui connaissent les diverses variétés de poissons
moi celles des séparations.
Il y a des gens qui peuvent citer par cœur le nom des étoiles,
moi ceux des nostalgies.
J'ai été locataire et des prisons et grands hôtels,
J'ai connu la faim et aussi la grève de la faim et il n'est pas de mets dont j'ignore le goût.
Quand j'ai atteint trente ans on a voulu me pendre,
à ma quarante huitième année on a voulu me donner le Prix mondial de la Paix
et on me l'a donné.
Au cours de ma trente-sixième année, j'ai parcouru en six mois quatre mètres carrés de béton.
Dans ma cinquante-neuvième année j'ai volé de Prague à La Havane en dix-huit heures.
Je n'ai pas vu Lénine, mais j'ai monté la garde près de son catafalque en 1924.
En 1961 la mausolée que je visite, ce sont ses livres.
On s'est efforcé de me détacher de mon Parti
ça n'a pas marché
Je n'ai pas été écrasé sous les idoles qui tombent.
En 1951 sur une mer, en compagnie d'un camarade, j'ai marché
vers la mort.
En 1952, le cœur fêlé, j'ai attendu la mort quatre mois allongé
sur le dos.
J'ai été fou de jalousie des femmes que j'ai aimées.
Je n'ai même pas envié Charlot pour un iota.
J'ai trompé mes femmes
Mais je n'ai jamais médit derrière le dos de mes amis.
J'ai bu sans devenir ivrogne,
Par bonheur, j'ai toujours gagné mon pain à la sueur de mon front.
Si j'ai menti c'est qu'il m'est arrivé d'avoir honte pour autrui,
J'ai menti pour ne pas peiner un autre,
Mais j'ai aussi menti sans raison.
J'ai pris le train, l'avion, l'automobile,
La plupart des gens ne peuvent les prendre.
Je suis allé à l'opéra
la plupart des gens ne peuvent y aller et en ignorent même le nom,
Mais là où vont la plupart des gens, je n'y suis pas allé depuis 1921 :
à la Mosquée, à l'église, à la synagogue, au temple,
chez le sorcier,
mais j'ai lu quelquefois dans le marc de café.
On m'imprime dans trente ou quarante langues
Mais en Turquie je suis interdit dans ma propre langue.
Je n'ai pas eu de cancer jusqu'à présent,
On n'est pas obligé de l'avoir
je ne serai pas Premier ministre, etc.
et je n'ai aucun penchant pour ce genre d'occupation.
Je n'ai pas fait la guerre,
Je ne suis pas descendu la nuit dans les abris,
Je n'étais pas sur les routes d'exode,
sous les avions volant en rase-mottes,
mais à l'approche de la soixantaine je suis tombé amoureux.
En bref, camarade,
aujourd'hui à Berlin, crevant de nostalgie
comme un chien,
Je ne puis dire que j'ai vécu comme un homme
mais le temps qu'il me reste à vivre,
et ce qui pourra m'arriver
qui le sait ?
 

Berlin-Est, le 11 septembre 1961


lundi 13 juin 2011

TUS MANOS Y LA MENTIRA - Nâzim Hikmet

 Graves como las piedras,
Tristes como canciones de presidio,
Pesadas y macizas como bestias de carga,
Tus manos se parecen
           al rostro endurecido
               de los niños hambrientos.

Ágiles, laboriosas como abejas,
Pródigas como ubres desbordantes de leche,
Intrépidas lo mismo que la naturaleza,
Bajo su dura piel, tus manos guardan
           la amistad y el afecto.
No está nuestro planeta sostenido
por los cuernos de un buey:
 Tus manos lo sostienen...

    ¡Qué hombres, nuestros hombres!
 Los mantienen a fuerza de mentiras,
 Siendo que andan hambrientos,
 Faltos de carne y pan,
 y dejan este mundo, al que cargan de frutos,
 Sin poder verlos en la mesa propia
          ni siquiera una vez.
iQué hombres, nuestros hombres !
Sobre todo los de Asia, los de África,
          del Medio Oriente, del Cercano Oriente,
          Los de las tantas islas del Pacífico
          y los de mi país,
Es decir, mucho más del setenta por ciento
          de los hombres del mundo:
Están adormecidos, están viejos,
Siendo listos y jóvenes como lo son sus manos...
   ¡Qué hombres, nuestros hombres!
Ustedes, mis hermanos de América o Europa,
Tan alertas y audaces,
A quienes, sin embargo, los aturden
          lo mismo que a sus manos
Y les mienten,
          y los hacen marchar...
   ¡Qué hombres, nuestros hombres!
Si mienten las antenas de las radios,
Si mienten las enormes rotativas,
Si miente el libro y mienten los afiches,
Si mienten los anuncios de los diarios,
Si mienten las desnudas piernas de las muchachas
          en el teatro y en el cine,
Si hasta mienten las canciones de cuna,
Si miente el sueño, si el pecado miente,
Si miente el violinista de la
boite,
Si miente el plenilunio
         en las noches sin ninguna esperanza,
Si mienten la palabra,
         el color y la voz,
Si miente el que te explota,
         El que explota tus manos,
Si todo el mundo y todas, todas las cosas mienten,
         a excepción de tus manos,
Es para que tus manos siempre sean
         dóciles como arcilla,
         ciegas como la noche,
         idiotas como el perro del pastor,
Y para que jamás se subleven tus manos
Y para que no acabe jamás tanta injusticia
           -Ideal del traficante-
Sobre este mundo nuestro,
           este mundo mortal
Donde poder vivir
           sería lo mejor.

NAZIM HIKMET (Nace en Tesalónica en 1902)