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vendredi 16 mai 2014

DISCOURS D’AMÉRIQUE - POÉSIE, PSYCHANALYSE, FOLIE par Miguel Oscar Menassa Chamli


PRE-SCRIPTUM

La différence entre l’écriture et ce que l’homme qui écrit peut avec sa vie, est un drame qui jusqu’à maintenant n’a pu être résous qu’avec la mort, la folie ou la terrible maladie, chez tous les maudits ou chez ceux qui sans arriver à l’être l’ambitionnaient.

 La vie de l’écriture est la vie de l’écriture et la vie de l’écrivain est un inconvénient minimum que l’écriture surpasse dans tous les cas. 

Prétendre, jusqu’à présent du moins, faire concorder la vie de l´écriture avec la vie de l’écrivain, c'est dans tous les cas remplir l’écriture d’opacités.

Pas, comme on dit, une vie humaine qui pour se donner à l’écriture laissera en elle une marque, sinon une vie qui à être assujettie par l’écriture recevra d’elle une marque, qui  dans tous les cas est, comme nous le savons, insupportable.

Si l’écriture, c'est-à-dire, la formation matérielle historique de la production du langage écrit, doit être matérialité de toute production scientifique et littéraire. Cela ne doit pas être elle qui se verra surdéterminée par le sujet psychique que, elle-même, elle utilise dans sa réalisation. Sujet qui subira, en tombant sous la surdétermination du système écriture, une déviation, précisément en ce qui pour l’instant le détermine comme sujet de l’inconscient et comme sujet des relations de production.

L’écriture ne respecte aucune maladie, ni aucune position de classe, elle dispose de ses propres catégories, elle attribue des positions de classe qui rien ou très peu n'ont à voir avec les systèmes de production dominants.

Je dis, sans savoir s’il sera nécessaire d’arriver à une démonstration, que celui de l’écriture est un système autre que le système Autre où le sujet est, j’insiste, pour l’instant, l’intersection de deux enchaînements, à un autre et à un Autre de lui.

Les lois de l’écriture ni même sont les lois du langage, ainsi que, si l’inconscient est structuré comme un langage ce sera une chose et s’il est structuré comme une écriture cela en sera une autre.

Et écriture, c'est toujours, si je m’y anime, différent à écrire. Ce n’est pas le trait, c’est le temps du trait, c'est-à-dire, sa propre temporalité.

Écrire sur ce qui nous aveugle pour nous utiliser dans son développement c'est fort, quelque chose comme tenter de retenir ma propre circulation sanguine pour l’étudier, elle, elle ne le permettra à personne. Arrêter son cours pour que quelqu’un puisse la posséder, pour que quelqu’un puisse dire quelque chose d’elle, avant qu’elle-même ne produise ses sens, je ne peux même pas me l’imaginer.

Et malgré tout je sais, que sans imagination ce sera impossible, j’insisterai, on voit que de nouvelles combinaisons me font encore peur. Œdipe me domine encore, je suis encore asservi  à deux illusions : Avoir la valeur. Avoir le phallus. Je ne désire qu’absences encore, je suis un amant de l’immortalité, j’ai peur de l’infinitude, je préfère que le monde continue d’être : un peu d’argent et la photographie de mes parents morts. 

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