PRE-SCRIPTUM
La différence entre l’écriture et ce que l’homme qui écrit
peut avec sa vie, est un drame qui jusqu’à maintenant n’a pu être résous qu’avec
la mort, la folie ou la terrible maladie, chez tous les maudits ou chez ceux
qui sans arriver à l’être l’ambitionnaient.
La vie de l’écriture
est la vie de l’écriture et la vie de l’écrivain est un inconvénient minimum
que l’écriture surpasse dans tous les cas.
Prétendre, jusqu’à présent du moins, faire concorder la
vie de l´écriture avec la vie de l’écrivain, c'est dans tous les cas remplir l’écriture
d’opacités.
Pas, comme on dit, une vie humaine qui pour se donner à l’écriture
laissera en elle une marque, sinon une vie qui à être assujettie par l’écriture
recevra d’elle une marque, qui dans tous
les cas est, comme nous le savons, insupportable.
Si l’écriture, c'est-à-dire, la formation matérielle
historique de la production du langage écrit, doit être matérialité de toute
production scientifique et littéraire. Cela ne doit pas être elle qui se verra
surdéterminée par le sujet psychique que, elle-même, elle utilise dans sa
réalisation. Sujet qui subira, en tombant sous la surdétermination du système
écriture, une déviation, précisément en ce qui pour l’instant le détermine
comme sujet de l’inconscient et comme sujet des relations de production.
L’écriture ne respecte aucune maladie, ni aucune position
de classe, elle dispose de ses propres catégories, elle attribue des positions
de classe qui rien ou très peu n'ont à voir avec les systèmes de production dominants.
Je dis, sans savoir s’il sera nécessaire d’arriver à une démonstration,
que celui de l’écriture est un système autre que le système Autre où le sujet
est, j’insiste, pour l’instant, l’intersection de deux enchaînements, à un
autre et à un Autre de lui.
Les lois de l’écriture ni même sont les lois du
langage, ainsi que, si l’inconscient est structuré comme un langage ce sera une
chose et s’il est structuré comme une écriture cela en sera une autre.
Et écriture, c'est toujours, si je m’y anime, différent à écrire. Ce n’est pas le trait, c’est
le temps du trait, c'est-à-dire, sa propre temporalité.
Écrire sur ce qui nous aveugle pour nous utiliser dans
son développement c'est fort, quelque chose comme tenter de retenir ma propre
circulation sanguine pour l’étudier, elle, elle ne le permettra à personne. Arrêter son cours
pour que quelqu’un puisse la posséder, pour que quelqu’un puisse dire quelque
chose d’elle, avant qu’elle-même ne produise ses sens, je ne peux même pas me l’imaginer.
Et malgré tout je sais, que sans imagination ce sera
impossible, j’insisterai, on voit que de nouvelles combinaisons me font encore peur.
Œdipe me domine encore, je suis encore asservi à deux illusions : Avoir la valeur. Avoir le
phallus. Je ne désire qu’absences encore, je suis un amant de l’immortalité, j’ai
peur de l’infinitude, je préfère que le monde continue d’être : un peu d’argent
et la photographie de mes parents morts.
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