Pour Écouter sur INA
Je sais bien que les chemins marchent
Plus vite que les écoliers
Attelés à leur cartable
Roulant dans la glu des fumées.
Où l'automne perd le souffle
Jamais douce à vos sujets,
Est-ce vous que j'ai vu sourire ?
Ma fille, ma fille, Je tremble.
N'aviez vous donc pas méfiance
de ce Vagabond étranger
Quand il enleva sa casquette
pour vous demander son chemin
vous n'avez pas parue surprise
Vous vous êtes abordés comme coquelicot et blé.
Ma fille, ma fille Je tremble
La fleur qu'il tient entre les dents
Il pourrait la laisser tomber
S'il consent à donner son nom
A rendre l'épave à ses vagues
Ensuite quel qu’aveux maudits
Qui hanteraient votre sommeil,
Parmi les ajoncs de son sang
Ma fille, ma fille Je tremble
Quand ce jeune homme s'éloigna
Le soir mura votre visage
Quand ce jeune homme s'éloigna
Dos vouté front bas et mains vides
Sous les osiers vous étiez grave
Vous ne l'aviez jamais été
Vous rendra-t-il votre beauté?
Ma fille, ma fille Je tremble
La fleur qu'il gardait à la bouche
Savez vous ce qu'elle cachait père
Un mal pur bordé de mouches
Je l'ai voilé de ma pitié
Mais ses yeux tenaient la promesse
Que je me suis faite à moi même
Je suis folle Je suis nouvelle
C'est vous mon père qui changez.
René Char (du recueil "Placard pour un chemin des écoliers")
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